Sécheresse: risque de disparition des cultures d’agrumes dans le Souss

Une terre craquelée, effet de la sécheresse.

Revue de presseAprès l’assèchement du barrage d’Aoulouz et l’interdiction de forer les puits à Taroudant, ce sont près de 1500 hectares d’arbres qui ont dû être déracinés. Une revue de presse d’Al Ahdath Al Maghribia.

Le 17/04/2024 à 21h05

La situation de l’agrumiculture dans la région de Souss s’aggrave. Les membres de la Chambre d’agriculture de la région de Souss-Massa s’en disent préoccupés, les années successives de sécheresse ayant entraîné une baisse spectaculaire du niveau des retenues des barrages, ce qui a eu pour conséquence de réduire des quotas de l’approvisionnement des fermes en eaux d’irrigation, indique Al Ahdath Al Maghribia de ce jeudi 18 avril 2024.

Cette situation, explique le quotidien, a davantage empiré avec l’interdiction récente du forage des puits, une situation qui pourrait encore s’aggraver.

Pour le moment, les agriculteurs ont dû se résoudre à une solution douloureuse: arracher les arbres. Dans la région de Taroudant, ce sont pas moins de 1.500 hectares d’arbres, morts, qui ont été déracinés, ce que le quotidien qualifie de «carnage», causé par la sécheresse dans le bassin d’irrigation de cette zone, autrefois citée en exemple d’investissements agricoles.

D’après Al Ahdath Al Maghribia, les causes qui ont conduit les agriculteurs à cette situation peuvent se résumer en un seul mot: l’eau.

Le niveau de la nappe phréatique a drastiquement baissé, et les forages des puits ne sont plus autorisés au-delà d’une certaine profondeur.

Dans le même temps, le complexe hydraulique relevant du barrage d’Aoulouz ne contient plus assez d’eau à des fins d’irrigation.

Évidemment, cette situation a eu pour conséquence directe le déracinement des arbres, mais a aussi eu des effets socio-économiques désastreux: des milliers de journées de travail ont ainsi été perdues.

Des emplois temporaires et permanents ont dû être supprimés. Une dizaine d’unités de conditionnement se retrouvent mises à l’arrêt, le volume des agrumes traités et destinés à l’export ayant été réduit de 500.000 tonnes.

Les exportations ont été réduites à seulement 1,7 millions de tonnes l’année dernière, alors qu’au cours de la saison 2021-2022, plus de 2,6 millions de tonnes d’agrumes de différentes natures ont été expédiées à l’étranger.

Un grand nombre d’agriculteurs se retrouvent donc dans une situation d’insolvabilité, incapables d’honorer les échéances des crédits qu’ils ont contractés auprès des établissements bancaires. La plupart d’entre eux se retrouvent aujourd’hui dans une procédure de contentieux avec leur banque.

Pour ne rien arranger, les agriculteurs, dans leur plaidoyer, décrivent plusieurs problématiques, et évoquent le coût de la TVA qui alourdit la facture de leurs achats d’intrants (engrais et les produits phytosanitaires), mais aussi l’augmentation du coût de la production d’agrumes, la faible marge bénéficiaire qu’ils en tirent, et la forte concurrence à laquelle ils sont confrontés sur les marchés internationaux, tout particulièrement sur les marchés de l’UE.

Ces coûts supplémentaires, que ce soit en termes d’intrants, de conditionnement, de logistique et ceux liés aux transports impactent négativement cette branche d’activité. Ils contribuent donc à réduire les marges bénéficiaires de l’ensemble de la filière: non seulement les agriculteurs, mais aussi les producteurs et les exportateurs.

Par Amyne Asmlal
Le 17/04/2024 à 21h05