Sushmita Banerjee : l'écrivaine indienne a été assassinée en Afghanistan

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La police afghane a annoncé le meurtre de l'écrivaine indienne Sushmita Banerjee, assassinée mercredi dans l’est de l’Afghanistan.

Le 07/09/2013 à 14h43

La police afghane a annoncé le meurtre de l'écrivaine indienne Sushmita Banerjee, assassinée mercredi dans l’est de l’Afghanistan. L’écrivaine, qui avait tenu à quitter Calcutta pour retrouver, malgré les menaces qui pesaient sur elle et les appels à la prudence de sa famille, son mari en Afghanistan, aurait été, selon les forces de police, tuée par des talibans. Les islamistes talibans avaient en effet pour le moins mal accueilli la sortie d’un livre "A Kabuliwala's Bengali Wife", livre où elle décrivait l’horreur des crimes qu’ils avaient notamment commis dans les années 90. Bollywood adaptera d’ailleurs ce livre pour le cinéma et en sortira, en 2003, un film intitulé "Escape from taliban".

Ecrivaine réputée en Inde, la jeune femme, qui travaillait en Afghanistan dans un hôpital de la région de Paktika, est décédée à l’âge de 49 ans.

L’AFP rapporte aujourd’hui les réactions de ses proches : "Nous sommes choqués et bouleversés par l'annonce de la mort de notre sœur, que nous avons apprise jeudi soir", a déclaré depuis Calcutta le frère de la victime, Gopal Banerjee, avant d’ajouter que Sushmita Banerjee « avait décidé de revenir en Afghanistan après que Janbaz (son mari) l'eut convaincu que la situation avait changé et qu'aucun mal ne lui serait fait" : "Nous l'avions mise en garde mais elle était déterminée".L’AFP nous apprend que l’écrivain indien Subodh Sarkar avait de même tenté de la dissuader : "Je lui avais dit, lorsqu'elle a exprimé son désir de repartir, que les talibans la tuerait. Elle ne nous a pas écoutés. Nous avons perdu une auteur rebelle", a en effet déclaré l’ami de Banerjee. "Une voix courageuse s'est éteinte".

Le prrix Goncourt 2008, Atiq Rahimi, auteur, afghan en l'occurrence, du magnifique "Singué Sabour" ou "Pierre de silence" a rendu hommage à sa consoeur en ces termes : "Sushmita Benarejee, celle qui a su donner à travers son témoignage du nom à l’horreur, à la souffrance des femmes en Afghanistan ou ailleurs, et mettre des mots sur les lèvres scellées des femmes opprimées, sur leurs dignités bafouées, sur leurs désirs blâmés, sur leurs corps meurtris… De même, elle donne, après sa mort, son nom à toutes les victimes inconnues, à tous les cadavres sans nom ! Parler d’elle, c’est nommer toutes les victimes semblables à elle, et crier en leurs noms ».

Par Bouthaina Azami
Le 07/09/2013 à 14h43