Tabac: ce que gagne l'industrie, ce que perdent les Marocains

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Revue de presseKiosque360. Les entreprises de tabac gagnent des bénéfices annuels estimés à 15 milliards de dirhams, grâce à l'augmentation de la consommation de tabac dans les espaces publics et suite au blocage de la loi qui devait l'interdire.

Le 26/06/2018 à 22h18

Les lobbys du tabac ont vaincu les différents gouvernements qui se sont succédé. Le journal Assabah fait ainsi référence à la loi sur l’interdiction de la consommation de tabac dans les lieux publics, adoptée en 1992 mais jamais entrée en vigueur, faute de texte d’application. Dans sa livraison du mercredi 27 juin, le quotidien ajoute que la permission de fumer dans les espaces publics a entraîné une augmentation du nombre de fumeurs marocains, estimé à 8 millions de personnes, dont des jeunes âgés de 10 à 16 ans.

Le parlementaire Mustapha Ibrahimi estime que les entreprises de tabac ont pu engranger, grâce à l’inertie des différents gouvernements quant à la mise en application de la loi, des bénéfices de 15 milliards de dirhams. Le parlementaire, qui est par ailleurs médecin, s’est étonné du fait que le Maroc reste l’un des rares pays (6 sur 161) à n'avoir pas encore adopté la convention internationale de lutte contre le tabac.

Le journal Al Akhbar explique, pour sa part, dans son édition du mercredi 27 juin, que le parlementaire a également évoqué la publicité des marques de cigarettes sur les devantures des magasins, fait «provocateur», selon lui. Alors que les entreprises de tabac engrangent les bénéfices, cette situation engendre des coûts financiers et sanitaires importants. La cigarette cause des maladies graves qui consomment la moitié des budgets des caisses de couverture sociale.

En réponse aux attaques du parlementaire, le ministre de la Santé, Anas Doukkali, assure que l’article 7 de la loi 15.91, relative à l'interdiction de fumer, interdit la publicité et la promotion des produits du tabac. Cet acte est sanctionné d’une amende allant de 1.000 à 3.000 dirhams. Sauf que les textes d’application appelés à définir la façon avec laquelle le contrôle et la collecte des amendes doivent se faire n’ont jamais vu le jour. Pour le ministre, cette loi est de toute façon dépassée. «Il faut mettre en place une nouvelle loi répondant aux standards internationaux les plus récents en la matière ou discuter la proposition de loi qui se trouve à la Chambre des conseillers».

Par Fayza Senhaji
Le 26/06/2018 à 22h18