Terrorisme. Said Mansour condamné à mort, sa défense se saisit de l'affaire

DR

Le ressortissant marocain Said Mansour, déchu de la nationalité danoise, a été condamné à mort au Maroc, alors que sa défense au Danemark s’est saisie de l’affaire.

Le 02/11/2020 à 14h00

La presse danoise rapporte ce lundi, citant un e-mail du ministère danois de l'Immigration et de l'Intégration, que les autorités marocaines ont confirmé la condamnation à mort de l'ex-citoyen danois Said Mansour.

"Les autorités marocaines ont confirmé au Danemark que Said Mansour a été condamné à mort au Maroc. On peut aussi comprendre que le verdict a fait l'objet d'un appel", écrit l’agence de presse Ritzau, citant le ministère danois de l'Immigration et de l'Intégration. Des médias marocains avaient indiqué que Saïd Mansour, 60 ans, a été condamné à mort pour son implication, entre autres faits qui lui sont reprochés, dans les attaques terroristes du 16 mai 2003 à Casablanca, qui avaient fait 45 morts.

Le courriel du ministère danois indique que les autorités de ce pays ne s'attendent pas à ce que la peine de mort au Maroc soit exécutée.

"Le Maroc a un moratoire depuis 1993 sur la non-exécution des condamnations à mort. Le gouvernement danois s'attend à ce que ce moratoire s'applique également dans le cas spécifique", indique cette source. "Nous sommes en dialogue avec les autorités marocaines à ce sujet", précise-t-on.

De son côté, le radiodiffuseur public DR écrit sur son site que c’était précisément un scénario comme celui-ci que craignait la défense de l’accusé.

"Cela met l'Etat danois dans une situation un peu malheureuse si nous avons effectivement extradé un citoyen vers un pays où il est condamné à mort", a déclaré son avocat, Eigil Strand, qui assure s’être saisi de l’affaire, à la demande de la famille de Said Mansour.

"Le fait est qu'il a reçu son verdict maintenant, mais il n'y a aucune garantie qu'il ne sera pas exécuté. C'est le gouvernement en place et ceux au pouvoir qui ont la compétence de décider d'exécuter ou non la peine", a soutenu cet avocat.

"(...) L'Etat danois doit [s'impliquer] et clarifier ce qu'il s'est réellement passé là-bas. Et [déterminer] quelles garanties possibles vous pouvez réclamer maintenant, du côté danois, [pour] faire en sorte que le Maroc ne fasse rien qui soit contraire à ce à quoi le Danemark s'est engagé", a ajouté Eigil Strand. 

Said Mansour, également connu sous le surnom de "libraire de Brønshøj", en référence à ses publications aux relents extrémistes, est né en 1960 au Maroc. Il est arrivé au Danemark en 1983 et, l’année suivante, s'était marié à une Danoise avec laquelle il aura eu quatre enfants. La ressortissante danoise a eu beau s'être convertie plus tard à l'islam, leur mariage n'avait pas tenu. Said Mansour avait reçu la nationalité danoise en 1988. En 1995, il avait été soupçonné d’avoir planifié un acte terroriste contre le sommet de l’ONU à Copenhague. Arrêté, toutes les charges retenues contre lui avaient ensuite été retirées.

En 2004, il avait été condamné à trois mois d'emprisonnement. Le service de renseignement danois (PET) avait perquisitionné son domicile et confisqué un ensemble important de films vidéo, de discours et de chansons appelant au Jihad. L’année suivante, la police avait de nouveau fouillé son domicile et confisqué du matériel contenant des discours des dirigeants d'Al-Qaïda, Abu Musab al Zarqawi et Abu Qutada. La police avait alors saisi plus de 3000 CD, dont un tiers recelait des contenus islamistes extrémistes. Mansour fut alors arrêté, inculpé et détenu pour apologie du terrorisme.

En 2007, il fut condamné à trois ans et six mois de prison par un tribunal de Copenhague. En 2014, il changea de nom, et décida désormais de se nommer Sam Mansour.

La même année, il fut condamné à quatre ans de prison, pour appel au terrorisme et à la guerre sainte, devant le tribunal de Frederiksberg (à Copenhague). Huit ans plus tard, en 2016, il fut déchu de sa nationalité danoise (une première dans l’histoire de ce Royaume nordique) par la Cour suprême, qui ordonna également son extradition vers le Maroc, une décision actée en janvier 2019. 

Par Rahim Sefrioui
Le 02/11/2020 à 14h00