Tétouan: 2 mois de prison ferme pour un "Ouled lefchouch", voici pourquoi

La population carcérale est établie à 80.000 personnes au Maroc.

La population carcérale est établie à 80.000 personnes au Maroc. . DR

Revue de presseKiosque360. Relaxé après dix jours de détention, le jeune homme a été condamné en appel pour outrage à un agent de sécurité et violation de l’état d’urgence sanitaire.

Le 09/05/2020 à 08h56

«Ouled lefchouch», l’enfant gâté dé Tétouan, a finalement écopé d’une peine de deux mois de prison ferme et une amende de 1.000 dirhams pour outrage à un agent de police. Le tribunal de première instance de Tétouan a également condamné, jeudi, ce fils d’un homme d’affaires connu dans la région à verser un montant de 10.000 dirhams de dommages-intérêts au profit du policier qui s’est constitué partie civile.

D’après le quotidien Al Akhbar qui rapporte l’information dans son édition du week-end des 9 et 10 mai, l’accusé ne s’est pas présenté devant le tribunal en raison de l’état d’urgence sanitaire et sa défense a demandé sans l’obtenir le report du procès. Le tribunal a rejeté cette requête qui lui a été présentée par l’avocat de la défense en début de séance.

Dans les faits, le tribunal a considéré que le jeune homme a été interpellé alors qu’il était en situation de violation de l’état d’urgence sanitaire. Il a été arrêté au niveau d’un barrage administratif et au moment de son interpellation, il a d’abord tenté de faire jouer un abus d’influence. Mais quand le policier en faction a décliné ses prétentions, il l’a insulté. Le tribunal, précise le quotidien, a donc décidé de requalifier les griefs qui ont été retenus contre le jeune homme. Ce qui justifie l’aggravation de la peine prononcée contre lui.

Le mis en cause avait été relaxé lors du procès en première instance après avoir passé dix jours en détention pour avoir violé l’état d’urgence sanitaire, rappelle le quotidien. Ce jugement a suscité l’indignation de l’opinion publique locale, suite à quoi le ministère public a décidé d’interjeter appel. C’est à ce moment, souligne Al Akhbar, que plusieurs notables et hommes d’affaires locaux ont tenté d’intervenir pour essayer de convaincre le policier de retirer sa plainte. La manœuvre n’a pas abouti puisque ce dernier, qui est affecté à la préfecture de police de Tétouan, a refusé de céder à leurs pressions.

L’affaire remonte à plusieurs jours lorsque le mis en cause a été interpelé au niveau d’un barrage administratif dans la localité de Mellaliyine, à mi-chemin entre Tétouan et M’diq, à bord d’un véhicule de luxe. Le jeune homme n’avait aucun motif valable de se retrouver dehors en plein état d’urgence sanitaire comme il ne portait pas, non plus, de masque, obligatoire depuis le 7 avril. Au moment où les policiers s’apprêtaient à entamer les procédures d’usage en pareille situation, il les a pris à partie, prétendant connaître des personnes haut placées et très influentes. Le jeune homme a été arrêté et présenté devant le Parquet qui a décidé de le mettre en garde à vue pour outrage à un agent de sécurité et violation de l’état d’urgence sanitaire. 

Par Amyne Asmlal
Le 09/05/2020 à 08h56