Transports: le Covid-19 fait le bonheur des propriétaires de triporteurs

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Revue de presseKiosque360. Les triporteurs se sont transformés en transports en commun en ces temps de crise épidémique et économique. Les passagers s’entassent dans un espace exigu et prennent le risque d’un voyage dont les chauffeurs semblent inconscients du danger.

Le 17/08/2020 à 20h20

Lahraouiyne, dans la périphérie de Casablanca. Les premiers rayons de soleil ont percé le ciel depuis peu, annonçant l’heure du départ de centaines de personnes vers leur lieu de travail. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mardi 18 août, que la place où se garent les bus et les taxis était, à ce moment du jour, bondée de monde. De nombreux usagers se languissaient depuis un bon moment en espérant les transports en commun, qui se font de plus en plus rares. Finalement, ce sont les chauffeurs de triporteurs, motos conçues initialement pour transporter des marchandises, qui sont venus offrir leurs services. Face à la carence des transports en commun dans cette zone éloignée de Casablanca, les pauvres personnes qui attendaient n’ont eu d’autre choix que de s’aventurer dans ces tricycles de tous les dangers. 

Un chauffeur a fini par faire le plein de clients, après avoir hurlé à tue-tête pour annoncer à la ronde la dernière place libre avant le départ. Une femme est alors arrivée en courant pour mettre en garde les passagers contre les risques auxquels les exposaient ces chauffeurs de triporteurs qui, leur a-t-elle dit, avaient tué une fille un jour plus tôt. Ignorant la femme et le malaise de ses passagers, le chauffeur a allumé la radio à fond et démarré en trombe. Dès les premiers mètres, le triporteur s’est mis à tanguer dangereusement pour éviter les dos-d’âne, les voitures, les piétons et les nids-de-poule.

Le quotidien Assabah indique que le chauffeur roulait à une vitesse excessive, sans se soucier des passagers qui entamaient une prière à chaque coup de guidon. Une femme très angoissée a eu beau lui répéter de rouler lentement, le jeune homme, grisé par la vitesse, a poursuivi sa course folle et a fini par brûler un feu rouge. Un vieil homme, qui n’avait pas pipé mot jusque-là, a déclaré qu’il était temps que le permis de conduire devienne obligatoire pour les triporteurs. Sa voisine a approuvé, estimant que cela pousserait les chauffeurs à respecter le code de la route. 

La discussion s’est emballée entre ceux qui approuvaient et ceux qui considéraient que, par ces temps de crise, le triporteur rendait service à un prix abordable (3 dirhams). Curieusement, tout au long de ce trajet infernal, les passagers ont évoqué la pandémie de coronavirus tout en se serrant les uns contre les autres. Le trajet s’est terminé sans incident, mais il est clair que cette promiscuité pourrait conduire, malgré le port du masque, à une contamination au Covid-19.

Par Hassan Benadad
Le 17/08/2020 à 20h20