Tribune. La tomosynthèse mammaire: pour un meilleur dépistage précoce des cancers du sein

La Place de l’Hôtel de Ville de La Rochelle (Charente-Maritime), en octobre 2020, «recouverte» d’un toit de parapluies roses pour «Octobre Rose», la campagne annuelle de communication sensibilisant au dépistage du cancer du sein. 

La Place de l’Hôtel de Ville de La Rochelle (Charente-Maritime), en octobre 2020, «recouverte» d’un toit de parapluies roses pour «Octobre Rose», la campagne annuelle de communication sensibilisant au dépistage du cancer du sein.  . Jean-Pierre Bazard

La Tomosynthèse est une nouvelle technique mammographique qui permet une meilleure visualisation des anomalies de la glande mammaire, une amélioration de la détection des cancers du sein.

Le 31/10/2021 à 08h04

Il y a des cancers du sein, particulièrement à des stades précoces, qui échappent aux techniques conventionnelles de diagnostic, en l’occurrence la mammographie et l’échographie, et la tomosynthèse permet de réduire les faux positifs, et diminue l’anxiété des patientes, suite à des examens radiologiques répétitifs avec risque d’irradiations supplémentaires.

Pour la Dr Siham Rachidi Alaoui, professeur assistante de radiologie à la Faculté de Médecine de Tanger, relevant de l’université Abdelmalek Essaadi, rapporte dans un article paru dans la revue marocaine de formation médicale continue DoctiNews de mai 2021, «qu’ aujourd’hui, la médecine dispose d’une technique mammographique qui génère des coupes du sein permettant de s’affranchir des superpositions d’images rencontrées en imagerie classique et faussent les résultats radiologiques. C’est la tomosynthèse».

C'est une technique relativement récente d’imagerie en 3D qui représente une grande innovation technologique en matière de mammographie et de dépistage du cancer du sein. Et elle vient de la sorte révolutionner la prise en charge thérapeutique des cancers du sein.

Il faut rappeler, quand il est question de diagnostiquer un cancer du sein, le médecin gynécologue, mais aussi le médecin généraliste ou la sage-femme, vont en premier lieu réaliser un examen clinique de la patiente.

Une palpation attentive du sein permet d’évaluer la taille, la consistance, la mobilité d’une anomalie…

Le médecin observe également si la peau recouvrant le sein se modifie à certains endroits, en demandant à la patiente de mettre ses bras dans différentes positions. S’il détecte une lésion à la palpation, il faut en vérifier la nature car d’autres pathologies du sein peuvent se traduire par une «boule» au toucher (kystes, inflammation du tissu mammaire…).

Lorsqu’une anomalie est détectée à la palpation, la mammographie est systématiquement prescrite.

Cependant, les mammographies conventionnelles ont des limites.

Car les résultats de la mammographie peuvent indiquer la présence d’un cancer du sein alors qu’il n’en est rien, ce qu’on appelle de faux résultats positifs, en particulier chez les jeunes femmes.

Une mammographie peut ne pas détecter un cancer du sein pourtant présent, c’est ce qu’on qualifie de faux résultats négatifs.

Ajoutez à cela le fait que les mammographies sont des radiographies qui exposent les seins à un rayonnement. Les doses de chaque examen sont très minimes, mais elles s’additionnent avec le temps.

Ainsi, la tomosynthèse pourrait présenter une valeur ajoutée pour l’évaluation du diagnostic du cancer du sein, en permettant de préciser le diagnostic des cas incertains et de réduire les investigations supplémentaires inutiles.

Car cette technique permet de mieux situer les anomalies au niveau des différents cadrans du sein. Elle apporte également un gain en spécificité permettant, en s’affranchissant des superpositions des tissus mammaires, de différencier les images construites des véritables lésions.

La tomosynthèse permettrait une augmentation de plus de 27% de la détection des cancers du sein et une augmentation de plus de 40 % de la détection des cancers dit invasifs.

Dans une étude italienne récente qui a analysé plus de 32 870 femmes, âgées en moyenne de 58 ans, qui ont été dépistées pour le cancer du sein, puis soumises à un nouveau dépistage deux ans plus tard.

Après une première série d’images par tomosynthèse et mammographie synthétique, 16 198 ont été ré-explorées par mammographie synthétique et tomosynthèse et 16 672 par mammographie uniquement.

La tomosynthèse, utilisée en première intention et lors du nouveau dépistage, a détecté une proportion plus élevée de cancers à un stade précoce que le dépistage par mammographie numérique.

Le taux de détection du cancer était de 8,1 pour 1 000 pour le nouveau dépistage par tomosynthèse et mammographie synthétique, contre 4,5 pour 1 000 pour le nouveau dépistage par la mammographie, sans aucune différence sur les taux de rappel.

Le nombre plus faible de cancers de stade II ou supérieur avec le dépistage par tomosynthèse et mammographie synthétique démontre que le la tomosynthèse a la capacité d'anticiper la détection de cancers qui pourraient devenir avancés dans les deux années suivantes, conclut l’étude italienne. Cela donne un plus grand avantage aux patientes.

La tomosynthèse est sans doute la révolution de ces dix dernières années en imagerie mammaire. Elle permet une meilleure visualisation des anomalies de la glande mammaire, une amélioration de la détection des cancers du sein, une réduction des faux positifs et surtout une diminution de l’anxiété des patientes suite aux examens radiologiques répétitifs avec la mammographie classique.

L’avenir, c’est la tomosynthèse haute définition (HD) qui permettra une meilleure clarté sans précédent des lésions, une visualisation en 3D des microcalcifications des seins et surtout la réduction à l’exposition aux rayons.

Pour conclure, Dr Siham Rachidi Alaoui, professeur de radiologie à la faculté de médecine de Tanger rappelle que l’instauration d’un dépistage organisé voire individuel du cancer du sein associé à l’amélioration de son traitement ont permis de réduire la morbidité et la mortalité liées à cette maladie.

*Le Dr Anwar Cherkaoui est médecin. Lauréat du cycle supérieur de l'Iscae, il a été, trente années durant, le responsable de la communication médicale du CHU Ibn Sina de Rabat.

Par Anwar Cherkaoui
Le 31/10/2021 à 08h04