Un baron de la drogue menace de faire tomber des têtes

Revue de presseKiosque360. Le procureur général du roi près la Cour d’appel de Marrakech a auditionné, lundi 16 février, le baron de la drogue Mohamed Ben Cheikh. Ce dernier avait accusé un fonctionnaire de la Justice, un ex-officier de police et une responsable à la Douane d’avoir perçu des pots-de-vin.

Le 16/02/2015 à 22h11

L’affaire continue de susciter des remous. Des responsables de la Justice, de la Sécurité et de la Douane auraient perçu des pots-de-vin de 2,9 millions en échange d'une promesse de soustraire à la justice un célèbre baron de la drogue, qui faisait l'objet de plusieurs mandats d'arrêt. Les suspects ont été arrêtés, vendredi 13 février, par la police judiciaire de Marrakech.

Ce lundi matin, le baron de la drogue, qui purge une peine de 8 ans de prison ferme, a été transféré d’une prison locale à Fès vers celle de Boulmharez à Marrakech, sur instructions du parquet général. Il a été auditionné lundi, en attendant sa confrontation, dans le courant de cette semaine, avec les autres détenus dans le cadre de cette affaire.

Une quatrième personne aurait été interpellée, révèle Al Akhbar, dans son édition du mardi 17 février. Il s’agit d’un intermédiaire, exerçant le métier de commerçant au passage prince Moulay Rachid à Jamaa El Fna. Il est poursuivi pour délit de corruption, participation et tentative de corruption.

«La baron de la drogue à l’origine de cette affaire, risque de faire tomber bien des hauts responsables de la sécurité et de la justice. Un membre de la famille du fonctionnaire de la Cour d’appel, interpellé, nous a déclaré que ce dernier n’était qu’un bouc-émissaire et que des cadres de la sécurité et de la justice avaient trempé dans cette affaire, ce que dévoilera l’enquête», rapporte le quotidien.

Reste à savoir comment un fonctionnaire au tribunal serait capable d’effacer la trace d’un avis de recherche émis à l’encontre d’un baron de la drogue. «Il importe que l’enquête soit dirigée vers de hauts responsables en mesure de s’introduire dans le système informatique du procureur général du roi et des services de la police pour effacer toute trace de l’avis de recherche», estime le quotidien.

Des zones d’ombre

L’affaire avait débuté en 2011 lorsque les services de police d’Agadir avaient reçu des informations sur l’arrivée dans la ville d’un baron de la drogue, objet d’un avis de recherche. Mais quelle ne fut la surprise des policiers lorsqu’ils découvrent que le casier judiciaire du concerné était vierge. Après avoir contacté la direction régionale de la gendarmerie royale de Chichaoua, il s’est avéré que le suspect était bel et bien recherché. Il a été déféré devant le tribunal d’Imintanout qui l’a condamné à 8 ans de prison ferme.

Al Akhbar soulève des zones d’ombre, notamment au sujet des montants perçus par les complices (2,9 millions dirhams). L’enquête en cours montre qu’ils avaient signé des reconnaissances de dette en faveur du frère du baron de la drogue, moyennant des intérêts allant jusqu’à 50.000 mille DH sur chaque 100.000 DH encaissés. Les chèques donnés comme garantie se sont avérés sans provisions. Ce qui a poussé le frère du baron de la drogue à saisir la justice.

S’agit-il d’un prêt ou d’un pot-de-vin pour service rendu ? Il n’en demeure pas moins que le blanchiment du casier judiciaire du baron de la drogue soulève un grand point d’interrogation. Et il est certain que la confrontation, prévue dans le courant de cette semaine, lèvera le voile sur les tenants et aboutissants de cette affaire à rebondissements.

Par Abdelkader El-Aine
Le 16/02/2015 à 22h11