Une Marocaine torturée en Arabie Saoudite

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Revue de presseKiosque360. Elle accuse son ex-époux de torture et des membres des forces de l’ordre saoudiens de tentative de viol. Séparée de son fils unique, elle est désormais interdite de séjour en Arabie Saoudite.

Le 14/06/2019 à 22h43

Encore une Marocaine victime de torture et de violence en Arabie Saoudite. M. Ch. vient en effet de déposer une plainte près le Parquet de Casablanca pour torture, tentative de viol, faux et usage de faux contre son ancien époux, de nationalité soudanaise, et des membres des forces de l’ordre saoudiennes. D’après le quotidien Assabah qui rapporte l’information dans son édition du week-end des 15 et 16 juin, la plaignante a été contrainte de quitter l’Arabie saoudite, laissant derrière elle son enfant, après s’être séparée de son mari.

La victime affirme qu’elle risque de ne plus revoir son enfant, qui a été inscrit sur les registres d’état civil saoudien comme étant le fils de la première femme de son ex-époux. Selon la procédure, affirme le journal, après que la jeune femme a déposé sa plainte au bureau du procureur du roi à Casablanca, ce dernier devrait transmettre le dossier à la police judiciaire qui sera chargée d’enquêter sur l’affaire. Celle-ci devrait saisir Interpol qui devrait émettre un mandat d’arrêt contre l’époux soudanais de la victime. Toujours selon les procédures d’usage, une fois arrêté, ce dernier devrait être remis aux autorités marocaines pour interrogatoire.

Dans les faits, l’histoire de cette femme n’est guère différente de celles de nombreuses autres Marocaines victimes de mauvais traitements et de sévices en Arabie Saoudite et dont les médias se font l’écho de temps en temps. Elle a fait la rencontre de son futur ex-époux, un Soudanais établi en Arabie Saoudite, à Casablanca. Mariée, elle débarque en Arabie Saoudite, à Djeddah plus précisément, en 2006. Et, raconte-t-elle, c’est à ce moment que commence son calvaire.

A son arrivée sur le territoire saoudien, écrit le journal, elle découvre en effet que son mari est déjà marié et qu’il a des enfants. En seconde épouse, elle se retrouve vite sous l’emprise de la première. Sa vie va devenir un véritable enfer quand elle tombe enceinte. La première épouse, raconte-t-elle citée par le journal, ne voulait pas de cet enfant. La mère a donc été soumise à toutes sortes de tortures psychologiques pour avorter, chose qu’elle n’acceptait pas. Suite à quoi le mari a décidé de séparer les deux épouses, installant sa femme marocaine dans un appartement à part, mais avec un de ses cousins. Elle a vite flairé le complot et a décidé de retourner au domicile conjugal de peur d’être accusée et jugée pour adultère.

Par la suite, toujours selon sa version des faits, relatée par Assabah, refusant toujours d’avorter, elle a été violentée à plusieurs reprises par la première femme de son mari, au point d’être hospitalisée, après avoir reçu des coups violents dans le ventre. Ce jour-là, elle n’a dû son salut qu’à des voisins égyptiens qui sont intervenus et ont insisté pour la transporter à l’hôpital, poursuit le quotidien. A sa sortie, elle a décidé de porter plainte. Son ancien mari ayant été informé de son initiative, il a changé de comportement, devenant plus tendre. Mais ce n’était que pour gagner du temps.

M. Ch. apprendra par la suite qu’après avoir soudoyé des membres de la police, il a évité que l’affaire soit portée devant le juge. Entre-temps, elle a eu son enfant mais pour elle, ses jours en Arabie Saoudite sont comptés. Elle est en effet tombée dans un piège que son ex-époux lui a soigneusement tendu. Son extradition ayant été décidée, elle a été mise dans un centre spécial qui ressemble à une prison où un agent de sécurité saoudien a tenté d’abuser d’elle lorsqu’il a appris qu’elle est Marocaine. Interdite de territoire saoudien pour une durée de cinq ans, elle est rentrée à Casablanca où elle a attendu patiemment l’expiration de ce délai. Elle est effectivement repartie à Djeddah mais elle a été surprise de découvrir que son ex-époux, en corrompant les fonctionnaires saoudiens, a pu inscrire officiellement son fils comme étant celui de sa première épouse.

D’après Assabah, ni son recours à une association saoudienne de défense des droits de la femme ni sa tentative se saisir la justice et encore moins sa requête à un émir n’ont pu lui rendre son enfant. Son ex-époux est arrivé à chaque fois à étouffer l’affaire. Au final, c’est elle qui a à nouveau fait l’objet d’une procédure d’extradition et d’interdiction de territoire.

Par Amyne Asmlal
Le 14/06/2019 à 22h43