Vidéo-Docu360. La communauté juive de Casablanca en liesse, suite à la restauration des relations Maroc-Israël

khalil Essalak

Le 16/12/2020 à 20h52

VidéoLe jeudi 10 décembre courant marque un tournant historique pour la diplomatie marocaine, Donald Trump ayant annoncé la reconnaissance par les Etats-Unis de la marocanité du Sahara, et la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël. Le360 a rencontré les membres de la communauté juive de Casablanca et a recueilli leurs impressions.

Les annonces du président américain Donald Trump ont provoqué la joie des Marocains, et plus particulièrement celle des Marocains de confession juive. D’autant plus que cette décision intervient en pleine période de fête, les communautés juives célébrant Hanouka. Cette célébration, appelée aussi «fête de la lumière», à cause des Menora, chandeliers à sept branches, qui sont allumées à cette occasion, s’étend sur huit jours. C'est l’une des plus importantes fêtes du judaïsme.

Dans la pâtisserie de Madame El Baz, c’est l’effervescence. Pour cette Marocaine originaire de Tanger, dont le grand-père avait émigré des Etats-Unis, pour refaire sa vie dans cette cité, cette décision est positive, et nombreux sont les Israéliens, Marocains ou non, qui attendent de venir au Maroc.

«Mon grand-père a vendu ses boutiques de cigares cubains à Manhattan où il s’était installé en 1865 pour retourner au Maroc et refaire sa vie à Tanger», témoigne Mme El Baz.

«Les relations qui vont s’ouvrir vont apporter beaucoup de bien. Il y a beaucoup de gens en Israël, Marocains ou pas, qui attendent une chose, c’est de venir au Maroc, c’est leur rêve. J’ai un fils en Israël et mes petits-enfants ainsi que mes neveux n’attendent qu’une chose c’est de venir au Maroc. Les Juifs Marocains ont beaucoup souffert en dehors du Maroc, même si leur situation était bonne, ils sont en quelque sorte «Home-sick», comme on dit en anglais (avoir le mal du pays). Je suis marocaine à 100% et je me sens très marocaine», souligne-t-elle.

Pour Martine, venue acheter quelques gâteaux pour ces fêtes, «cette décision s’inscrit dans la continuité, c’est la suite logique des choses. C’est quelque chose qui a commencé à l’époque de feu Hassan II et notre Roi continue. Les relations entre les Juifs et les Musulmans au Maroc sont excellentes et cela ne peut apporter que du bonheur dans notre pays qui est le Maroc», indique la cliente de la boutique de Mme El Baz. 

De son côté, le rabbin de la congrégation Nev Shalom de Casablanca, le Dr. Jacky Sebbag, soutient que le plus important c’est la reconaissance par les Etats-Unis de la marocanité du Sahara, le judaïsme étant pratiqué depuis des millénaires sans aucun problème dans le Royaume.

«Nous avons accueilli la nouvelle avec beaucoup de plaisir et de satisfaction. Pour nous, l’essentiel c’est que notre Sahara est reconnu comme étant marocain, c’est le plus important. Nous vivons notre judaïsme au Maroc depuis des millénaires et Hamdullah tout va bien», confie le rabbin.

Autre pâtisserie, toujours à Casablanca. Madame Fhal s'affaire à sortir gâteaux et galettes du four, alors que les beignets sont encore chauds. Kevin Fhal partage la même joie et félicite le roi Mohammed VI pour cette victoire diplomatique qui augure de bonnes choses à venir. 

«Tout d’abord, je tiens à féliciter Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui a fait une chose assez incroyable dans le monde arabe et ça augure de la paix. Ce sera plus simple de connecter les deux pays, étant donné qu’il y a 1 million de Marocains en Israël, ça va être plus facile. S'ils mettent en place des exemptions de visa et des lignes directes, je sais qu’il y a beaucoup de Marocains qui ont hâte d’aller visiter Tel-Aviv, Jérusalem, etc.», explique le petit-fils de la fondatrice de cette institution casablancaise. 

Pour sa part, Jacques Bitton, commerçant, propriétaire de la célèbre charcuterie Amssalem, dont l'ouverture date de 1950, se réjouit de l'instauration de vols directs entre le Maroc et Israël.

«Dès que nous avons appris la nouvelle, nous étions très contents et très satisfaits. Je pense que ça ne peut être que bénéfique. Aussi bien pour les Marocains musulmans que pour les juifs, qu’ils soient d’Israël ou du Maroc, ce sera plus facile pour la communauté de se rendre en Israël avec les vols directs. Il y a aussi les personnes âgées qui voulaient revenir voir leur pays, le Maroc, mais qui ne sont jamais venus, je pense que tout ceux-là vont venir régulièrement», explique le commerçant.

Par Mehdi Heurteloup et Khalil Essalak
Le 16/12/2020 à 20h52