Vidéo. Les habitants de Bouskoura demandent le droit de respirer

Le360 : Adil Gadrouz

Le 16/11/2017 à 19h03

VidéoMalgré les nombreuses pétitions demandant la fermeture de la décharge de Médiouna, rien n’a été fait. En désespoir de cause, plusieurs associations se sont regroupées et ont créé un collectif qui espère mettre un terme à une situation qui devient irrespirable.

Les habitants de la région Casablanca-Settat inhalent quotidiennement des fumées toxiques et les odeurs nauséabondes émanant de la décharge de Médiouna. Sont particulièrement concernés par cette situation qui leur rend la vie difficile, les habitants de Bouskoura et de la très mal nommée Ville verte. Une décharge sauvage qui est en tous points non conforme aux standards écologiques et aux normes internationales actées par le Maroc.

La fermeture de l’actuelle décharge et l’aménagement d’un nouveau site avaient été initialement prévus en 2015 puis annoncés pour décembre 2016. Mais rien n’a été fait, le dossier n’avance pas.

Face au silence des autorités et des élus, et en raison du danger que représente la décharge sauvage pour la santé publique et pour l’environnement, plusieurs associations de la région de Casablanca-Settat se sont regroupées et ont créé un collectif qui a été nommé "Collectif pour la protection de l’environnement" (CPE).

Le collectif exige la fermeture de la décharge de Médiouna, exhorte les autorités concernées à fixer une date pour la fermeture de la décharge sauvage et revendique le droit de participer à la prise de décision relative aux questions d’ordre public, conformément à la Charte nationale de l’environnement et de développement durable, établie suite aux directives du roi Mohammed VI dans son discours du Trône du 30 juillet 2009.

Le CPE ambitionne également d’assurer une meilleure coordination entre le collectif et les autorités marocaines concernées, au niveau des plans et des programmes de lutte contre la dégradation de l’environnement de la région Casablanca-Settat.

Le collectif, qui a signé, ce mercredi 15 novembre, une charte associative commune afin de fermer cette décharge, réunit les associations suivantes: "Mamans de Bouskoura" représentée par Hanane Bouzil, AMAK représentée par Abdelhamid Habboubi, CGR représenté par Ismail Oumhand, "Al Wifak pour la protection de l’environnement" représentée par Hassan El Mansouri, "Save Casablanca" représentée par Mouna Hachim, ZEROZBEL représentée par Mamoun Ghallab, l'association "Karama pour le développement familial" représentée par Youssef Berdi, l'association des jeunes acteurs pour le développement représentée par Mjid Maamri, l'association Initiatives pour le développement et l'animation culturelle représentée par Hicham Benouchen, l'association Espace de l’avenir, et l'association El Fadaa Al Moustakil représentée par Jamal Boulhak.

Risque d’explosion au méthane

Ouverte en 1986, la décharge sauvage se situe dans la commune de Médiouna, à une vingtaine de kilomètres au sud de Casablanca. Dans cette décharge de 70 hectares, 3.500 tonnes de déchets domestiques sont déversées quotidiennement. Détritus auxquels s'ajoutent 3.000 tonnes de déchets hospitaliers, industriels et de gravats non pesés.

Les détritus qui y sont déversés à hauteur de 45 mètres risquent de s’écrouler à tout moment. La décharge est d’ailleurs comparée à celle d’Istanbul qui avait subi en 1993 une dévastatrice explosion au méthane. Mais le Conseil de la ville de Casablanca décide, depuis des années, de prolonger l'utilisation de la décharge de Médiouna pour six mois supplémentaires.

Contacté ce jeudi, Abdelaziz El Omari, le maire de Casablanca, est resté injoignable. Ce maire est d'ailleurs toujours injoignable. C'est à se demander comment cet élu du PJD, constamment aux abonnés absents, a été désigné maire d'une métropole qui exige de la présence sur le terrain, de la pugnacité et de la réactivité aux doléances des citoyens.

Les risques pour la santé 

La décharge de Médiouna constitue un réel danger pour la santé des habitants de la région. Non seulement elle dégrade la qualité de l’air, mais elle pollue les nappes phréatiques par les lixiviats, avec une forte concentration en métaux tels que le plomb et avec un débit estimé aujourd’hui à 1.424m3/jour. D'ailleurs, ce volume est en constante augmentation du fait de l’accroissement de la quantité de déchets.

Ces lixiviats s’infiltrent et dégradent les eaux des puits et celles de l’irrigation. Les sols des terres agricoles mitoyennes de cette décharge sauvages sont dégradés, le cheptel et la végétation avoisinante sont gravement affectés… On comprend que les riverains souhaitent agir. Et pouvoir respirer.

Par Rania Laabid et Adil Gadrouz
Le 16/11/2017 à 19h03