Vidéo. Moi,«Lhajja Saïda», dame de fer et ambulancière

Lhajja Saïda au volant de son ambulance.

Lhajja Saïda au volant de son ambulance. . Adil Gadrouz

Le 28/11/2020 à 12h36

VidéoAmbulancière depuis plus de 30 ans au Maroc, «Lhajja Saïda» se définit elle-même comme une dame de fer. C'est en France où elle s'était rendue pour étudier qu'elle a découvert sa vocation. Rencontre.

Les Casablancais l’ont sûrement déjà croisée au volant de son ambulance. Foulard sur la tête et blouse blanche, Lhajja Saïda enchaîne les transports de patients vers les différents hôpitaux de la capitale économique.

«Avec vous, Lhajja Saïda, la femme marocaine, la femme aventurière et dame de fer», c’est ainsi que l’ambulancière, au caractère bien trempé, se présente. «Divorcée depuis 30 ans», poursuit la sexagénaire. Saïda est une femme fière et indépendante et elle le revendique.

A l’âge de 20 ans, elle décide de partir poursuivre ses études en France. C’est dans l’Hexagone que Lhajja Saïda décide qu’elle sera ambulancière en rentrant au Maroc.

«En France, j’ai vu toutes sortes de choses, certaines surréalistes et d’autres exceptionnelles. J’ai vu une Française conduire une ambulance et ça m’a plu. C’est à ce moment que je me suis juré qu’en rentrant au Maroc j’aurai mon ambulance», déclare-t-elle.

Deux ans après son retour au Maroc, Saïda décide de postuler auprès d'une compagnie d’ambulances à Sidi Othman, à Casablanca. Après avoir passé un essai, elle est retenue. Débute alors sa carrière au service des malades.

«Quand j’ai passé l’essai, l’examinateur m’a dit que je conduisais bien. J’ai quatre permis. Je n’avais pas suivi d’études dans ce domaine, mais d’année en année, avec la pratique, j’ai appris comment prendre en charge les malades et, maintenant, ça fait 30 ans que je fais ce métier», explique fièrement Lhajja Saïda.

«Les études, c’est très important. Ceux qui n’étudient pas n’ont pas de travail, ils n’ont pas de vie. Ils finissent par le regretter, mais les regrets, ça ne rapporte rien. Il faut se bouger et surtout la femme. La femme doit travailler, même si elle n’a pas étudié. Elle peut faire le ménage ou autre chose, l’important c’est de travailler. Si son mari tombe malade, elle doit être capable de nourrir ses enfants», témoigne l’ambulancière du haut de ces 60 ans révolus.

Aujourd’hui, le métier d’ambulancier est dominé par les hommes au Maroc. Seules deux femmes, dont Saïda, seraient en service dans le Royaume, selon les dires de l’ambulancière.

«Il y avait une femme à Casablanca, plus âgée que moi, elle est décédée et il y en a une autre à Agadir qui travaille toujours, mais je ne la connais pas. Il y avait aussi une dentiste qui faisait ambulancière, mais maintenant elle a arrêté et il ne reste plus que Lhajja Saïda, que ça plaise ou pas et je sais que ça déplait à beaucoup d’hommes», affirme-t-elle.

Cependant, après 30 ans de service, la dame confie que ce n’est pas un métier facile et que si une femme veut le faire, elle doit être courageuse, capable et forte.

A 60 ans, Saïda s’approche de la retraite, mais ce métier, son héritage, est déjà repris par son fils. Aujourd’hui, Saïda et son fils possèdent deux ambulances, dont une porte le nom de Hiba, le prénom de sa petite-fille. Chez Saïda, le métier d’ambulancier est une affaire de famille.

Par Mehdi Heurteloup et Adil Gadrouz
Le 28/11/2020 à 12h36