Vidéo. Vis ma vie d'institutrice en milieu rural, à l'ère du Covid

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Le 30/09/2020 à 10h10

VidéoEn devenant institutrice, Fatem-Zahra Ajamil a pu réaliser son rêve. Fraîchement diplômée, elle vit sa première rentrée scolaire, dans ce contexte inédit du Covid-19. Difficultés de transports, Covid-19, pédagogie... elle se confie sur son quotidien pas des plus faciles.

En réalisant son rêve d’enfance de devenir institutrice, Fatem-Zahra Ajamil, 24 ans, ne pensait pas vivre sa première rentrée scolaire dans un contexte marqué par la pandémie du nouveau coronavirus. Après avoir décroché son baccalauréat, cette jeune femme, originaire d'El Kelâa des Sraghna, s’était orientée vers un BTS, avant d’obtenir une licence fondamentale qui lui a ouvert les portes de l’enseignement dans le cycle primaire.

«J’ai suivi ma formation de professeure des écoles à Casablanca, du mois de décembre au mois de mars, et avec l’arrivée de la pandémie, nous avons dû finir notre formation à distance. Ça nous a permis de nous habituer et de prendre nos repères par rapport au virus», explique-t-elle. 

Une fois diplômée, la jeune institutrice est affectée au groupe scolaire Dar Cheikh, une école publique située dans une zone rurale, non loin de Casablanca. «Malgré les difficultés que cela impose, notamment au niveau des transports, je voulais enseigner dans le monde rural. Ici, les gens valorisent encore les instituteurs, les enfants sont plus réceptifs, ils ont envie d’apprendre et moi, en tant que professeure, j’ai envie de les aider pour qu’ils puissent réussir », confie-t-elle. Et d'ajouter : «des collègues de promo font face à de grands problèmes de transport. Certains doivent sortir de chez eux deux heures avant le début des cours, pour pouvoir rejoindre l’école où ils ont été affectés», poursuit-elle.

Cette jeune maman doit par ailleurs faire face à une autre difficulté majeure. «J’ai un bébé âgé d’un an et trois mois, je ne peux pas l'amener avec moi à l’école. La seule solution que j’ai, ce sont les crèches, mais à cause de la pandémie, elles sont toutes fermées, je dois donc aller déposer mon nourrisson chez ma belle-famille, avant de me rendre à l’école. Cela représente plus de transports à emprunter, et donc plus de coûts», explique Fatem-Zahra Ajamil.

Relevant de la province de Nouaceur, l’école Dar Cheikh a pu ouvrir ses portes lors de cette rentrée scolaire et assurer les cours en présentiel. «Pendant le confinement, je ne suis pas sortie de chez moi, tellement j’avais peur du virus. Avec la rentrée scolaire, j’avais des inquiétudes concernant les contacts avec les élèves et le corps enseignant, mais avec la circulaire 39/20 et le protocole mis en place par le ministère, j’ai été rassurée», témoigne la jeune femme.

Cependant, selon elle, le Covid-19 n’a pas apporté que des choses négatives. Avec la séparation des classes en demi-groupe, le nombre d’élèves par classes a été réduit de moitié. «Avec un effectif de 20 élèves maximum, au lieu de 40 en temps normal, les élèves sont plus facilement maîtrisables. Ils suivent les cours, participent plus, échangent avec nous. Dans ce cas, même les élèves les moins bons s’impliquent. Et c’est là un point positif qu’a permis le coronavirus», déclare-t-elle.

La jeune institutrice se réjouit de cette rentrée en présentiel, car elle lui a permis d’échanger avec ses élèves et de récupérer leurs coordonnées, en cas de nécessité de retour aux cours en distanciel. «Des collègues à moi, dans le quartier de Hay Hassani par exemple, éprouvent de nombreuses difficultés à récupérer les coordonnées des élèves. L’enseignement à distance pose problème tant pour les élèves que les professeurs. Certains élèves n’ont pas de téléphone ou de connexion Internet, mais c’est aussi le cas pour les enseignants, c’est très contraignant, tout le monde n’a pas Internet ou les moyens technologiques pour assurer ce type d’enseignement», explique cette jeune professeure, qui reste motivée à poursuivre sa mission.

Par Mehdi Heurteloup
Le 30/09/2020 à 10h10