Vidéo. Voici comment la colle à sniffer fait des ravages chez les adolescents

Le360

Des images de jeunes élèves, aussi bien des filles que des garçons, sniffant de la colle à Béni Mellal, ont fait l'effet d'un électro-choc pour les Marocains. L’ampleur de ce phénomène serait pourtant bien plus importante. Explications.

Le 18/11/2019 à 11h49

Il y a moins d’un mois, une vidéo diffusée sur la toile, celle de jeunes élèves de Béni Mellal, des adolescents, mais aussi des adolescentes, sniffant de la colle, a fait l'effet d'un choc pour les internautes. Le phénomène est pourtant bien plus important qu'il n'y paraît, et n’épargne aucune catégorie de la société, et toutes les tranches d'âge sont concernées.

Cette colle, à l'usage initial destiné au bricolage, et donc facile à se procurer dans n'importe quelle droguerie, est destinée à rafistoler les pneus crevés des vélos et autres motocyclettes. 

A l'origine, voici quelques années, la colle, dite "silicium", ou "silicioune", dans le langage courant, était très utilisée par les sans-abri et les enfants abandonnés, les "enfants des rues". Détournée de son usage premier, elle a, peu à peu, selon plusieurs sources interrogées par Le360, fini par devenir une sorte de mode. 

En effet, des élèves scolarisés dans la plupart des villes du Maroc y ont désormais recours. Ils se retrouvent en bandes, dans les parages de leur établissement scolaire, pour se droguer ainsi. Pourquoi? Ces sources avancent d'abord le prix de ce produit, très modique: seulement 4 dirhams le tube. 

«Parfois, le tube coûte jusqu’à 10 dirhams, car on utilise de moins en moins cette colle avec l’arrivée des pneus tubeless», explique l’une de nos sources. Des acteurs associatifs interrogés, au fait de ce fléau, avancent une autre raison, qui favorise le recours à cette colle-drogue: aucune loi n’en interdit la détention, et elle est aisé de se la procurer dans n'importe quelle droguerie ou magasin de bricolage, ce qui en fait une drogue facile d'accès, qui se substitue aisément au cannabis, et aux comprimés psychotropes.

Quant à la dangerosité sur la santé de la consommation de "silicium", il ne faut pas se faire d’illusion. Cette drogue est extrêmement néfaste. Après quinze à trente minutes d'inhalation, celui qui l’utilise, généralement à l'aide d'un sachet en plastique, en ressent déjà l’effet, et peut donc «planer» entre une et deux heures. 

Le cerveau tourne au ralenti, la personne droguée perd la notion exacte du temps et de l’espace.

Les autres effets de cette colle inhalée sont terribles: la personne droguée est susceptible d'une défaillance du système respiratoire, son pouls se dérègle, elle peut souffrir de troubles de la vue, de nausées, de vomissements… Voire encourt une mort subite.

Au Maroc, les statistiques exactes sur le nombre le nombre de personnes touchées par ce phénomène sont, pour l'heure, inexistantes, puisque les divers rapports (tant disponibles au Maroc que commandités à l'étranger) classent cette colle, ainsi que des solvants (tels les diluants, également détournés de leur usage premier pour devenir une drogue à inhaler) dans la catégorie «Autres». Et donc, ne comptabilisent pas ces produits comme des drogues en tant que telles. 

La solution? Pour l'ensemble des acteurs associatifs interrogés par Le360, il faut, d'abord et avant tout, sensibiliser. Mais aussi mieux quadriller, par les services de sécurité, les abords des établissements scolaires où ce fléau sévit surtout.

Par Amine Lamkhaida et Said Bouchrit
Le 18/11/2019 à 11h49