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Athlétisme. Quand Ahizoune justifie le dopage

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Abdeslam Ahizoune a tenu son assemblée générale dans la discrétion totale. La presse a relayé ses propos dithyrambiques et son bilan «positif». Il est fier que le Maroc soit sorti de la blacklist du dopage de l’Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF), mais il autorise des récidivistes à intégrer le CNOM. Dopage Halal et Haram?
Autrefois, les Marocains étaient fiers de leurs athlètes qui remportaient des médailles d’or aux Jeux Olympiques et Championnats du monde. Depuis l’arrivée du président Abdeslam Ahizoune, il y a dix ans, on pointe quasiment zéro médaille et une démultiplication du nombre d’athlètes épinglés pour dopage.

Cette triste réalité des chiffres abaissants n’émeut pas, pour autant, le patron de la Fédération d’athlétisme. Bien au contraire, l’homme verse dans un optimisme béat et une autosatisfaction déconcertante.

Comme les résultats ne suivent pas, il se rabat sur les subventions, les infrastructures et surtout sur la lutte contre le dopage. À tel point que l’antidopage est devenu une hantise pour lui, d’autant plus que le Maroc a été listé par l’IAAF dans le tableau noir des pays les plus «dopés» du monde.

Ahizoune a porté plainte contre X et la police a réussi à démanteler plusieurs réseaux de trafic des produits dopants où figurent des athlètes. Personne ne conteste la lutte engagée par la Fédération royale marocaine d’athlétisme (FRMA) contre ce fléau, mais il faut convenir qu’Ahizoune aurait pu le faire plus tôt. Et pour cause, l’ex-DTN, Said Aouita, l’avait averti, dès 2008, du danger de la propagation du dopage dans l’athlétisme national.

Mais Abdeslam Ahizoune, perché du haut de son piédestal, a ignoré l’avertissement du double champion olympique qui le lui a rappelé dans des termes on ne peut plus pertinents: «Lorsque j’étais revenu au Maroc et que j’avais pris les fonctions de directeur technique après Pékin 2008, j’avais promis de lutter contre le dopage, en ma position de champion olympique, mais le président (Ahizoune, ndlr) s’était opposé à moi sur ce point. Nous nous sommes donc affrontés, et je lui ai dit que le temps finira par établir les choses et que c’est le temps, et lui seul, qui déterminera celui qui a raison et celui qui a tort. Puis j’ai quitté la Fédération».

Le temps a donné raison à Said Aouita, comme il le prévoyait, puisque le Maroc a fini par être placé dans la liste noire des pays où le dopage fait rage en compagnie de la Russie, l’Ukraine, l’Éthiopie, le Kenya et autres Biélorussie.

Si Ahizoune avait tenu compte des mises en garde de Said Aouita, l’image de l’athlétisme national ne serait jamais ternie comme elle l’a été pendant ces dernières années. Et du coup, le président de la FRMA n’aurait pas jubilé pour la sortie du Maroc de la liste noire, mais pour des médailles récoltées dans des compétitions.

Il aurait dû aussi ne pas permettre à des athlètes marocains suspendus pour dopage par l’IAAF, de figurer dans la commission des athlètes du Comité national olympique marocain (CNOM). Oui vous avez bien lu: le président de la FRMF a proposé à la commission des athlètes du CNOM deux représentants qui sont mouillés dans des affaires de dopage. Et n’était la vigilance du président du CNOM, qui a annulé dans une correspondance adressée aux membres du comité exécutif du CNOM les deux noms proposés par la fédération présidée par Ahizoune, cette affaire aurait couvert de honte le Maroc. Comment un pays peut-il faire valoir son engagement à lutter contre le dopage, alors que dans la commission du CNOM siègent deux anciens athlètes, épinglés pour dopage par l’IAAF ?

Pire encore, Ahizoune n’a pas digéré que les deux représentants qu’il a désigné pour la commission du CNOM soient légitimement et logiquement reboutés et encore moins que ladite commission soit dissoute par le CNOM. Il a fait savoir par presse interposée que la FRMA récuse cette dissolution. Dans cette surenchère de l’absurde, le président de la commission des athlètes, Brahim Talbi, a adressé une lettre de protestation au président du CNOM, Faycal Laaraichi, au ministre de la Jeunesse et des sports et… au président du CIO. Dans des termes très durs, Brahim Talbi, considère que la dissolution de la commission est nulle et non avenue.

Le président de la commission dissoute a expliqué que les deux athlètes mis en cause (dopage), en l’occurrence Hamid Ezzine (suspendu pendant 4 ans) et Fouad El Kaam (suspendu pendant 6 mois), sont éligibles et n’enfreignent aucunement les règlements du CNOM, ni même la charte olympique. Très convaincu par… ses certitudes, il se base sur la règle 28 (1-3) de la charte olympique. Or le contenu de celle-ci n’évoque à aucun moment le sujet auquel il se réfère puisqu’elle stipule: «L’approbation des statuts du candidat par la commission exécutive du CIO est une condition à sa reconnaissance. La même condition vaut pour tout changement ou toute modification subséquente des statuts. Ces statuts devront en tout temps être conformes à la Charte olympique, à laquelle ils doivent expressément faire référence. En cas de doute sur la signification ou l’interprétation des statuts d’un CNO, ou de contradiction entre ces statuts et la Charte olympique, cette dernière prévaut.»

Même si on considère que Brahim Talbi fait allusion au dernier paragraphe de ladite règle, il est impensable que la charte olympique puisse admettre que des athlètes condamnés pour dopage soient élus membres de la commission des athlètes. À moins que le CIO, l’Agence mondiale antidopage (AMA), l’IAAF, le CNOM et la FRMA n’aient changé leur avis sur le dopage. Jusqu’à preuve du contraire, le président de la FRMA, Abdeslam Ahizoune, demeure un fervent partisan de l’antidopage, sauf s’il estime qu’il existe un dopage halal et un autre haram.

Par Hassan Benadad

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4 commentaires /

  • Abdelmajid
    Le 22 Feb. 2018 à 14h24
    Qui participera au Marathon de Rabat cette année ?
    Vivement Dimanche 04 :)
  • Abdellah
    Le 22 Feb. 2018 à 14h20
    Nos athlètes sont de grande renommée... Hicham Guerrouj & Said Aouita sont des bons exemples ...

  • Karim
    Le 22 Feb. 2018 à 13h52
    j'adore le chocolat
  • Halim le sportif
    Le 22 Feb. 2018 à 13h50
    Je pense que le fait que le Maroc sort de la la blacklist du dopage de l'IAAF est un vrai exploit en soit à mettre au palmarès de Ahizoune.
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