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La saison du Wydad en un mot: anormale!

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Le Wydad, qui s’apprête à défier le FUS pour une place en finale de la Coupe du trône, est en train de boucler une saison folle, complètement anormale.

En début de saison, le Wydad ne présentait pas beaucoup de garanties. Un nouvel entraineur, Walid Regragui, qui a fait gagner au FUS son premier et unique titre de champion, mais dans un climat apaisé. Le Wydad n’a pas la patience du FUS, il suffit de deux ou trois résultats négatifs pour que l’on réclame la tête du coach.

Et, pour ne rien arranger, le Wydad s’est considérablement affaibli à l’intersaison.

Les Rouges se sont en effet séparés d’El Kaâbi, le goleador de la Botola, mais aussi Ounajem et Karti, sans parler de Msuva, l’autre atout offensif qui a rendu bien des services sous Benzarti, en conflit ouvert avec la direction. Et le recrutement apporte son lot d’interrogations: le Wydad a investi sur Benyachou (Safi), auteur d’une belle saison mais qui semble encore tendre pour le haut niveau, en plus d’être allé chercher des joueurs plutôt en échec dans leurs clubs (Jaâdi et Daoudi) ou totalement inconnus au bataillon: le tandem Mbenza–Tsoumou.

Heureusement que Regragui a gagné ses premiers matchs. Mais sans convaincre personne. Sur le plan du jeu, en Botola comme en C1, son Wydad semble jouer contre-nature. Oubliée la tradition de la possession si chère à la culture des Rouges. Regragui s’appuie plutôt sur un jeu de transition, abandonne le ballon à ses adversaires et donne l’impression d’abandonner aussi le contrôle des matchs.

C’est nouveau et cela ne rentre pas tout à fait dans l’ADN et la philosophie du club le plus titré au Maroc. Il y a donc des raisons objectives de s’inquiéter, malgré un bon démarrage en championnat.

Au mois de février, par exemple, le Wydad de Regragui va rendre sa plus mauvaise copie de toute la saison. Cela se passe en Angola face à la redoutable équipe du Petro Luanda, certainement la plus séduisante de cette C1 africaine. Le Wydad perd sur un but d’écart (1-2), mais après avoir frôlé le naufrage.

A postériori, cette défaite a servi de tournant. Regragui abandonne l’idée de jouer avec un bloc bas qui ne fait que défendre. Laisser le ballon à l’adversaire, c’est oui, mais à condition d’être capable d’en faire un bon usage à la récupération. Mais comment? Avec quels joueurs?

C’est à partir de la gifle de Luanda que le coach commence à installer deux joueurs qui auront un rôle déterminant dans la magnifique saison du Wydad. Au milieu le jeune et talentueux Haimoud, capable de casser les lignes, de faire le bon déplacement, la bonne passe. Le joueur-type pour un jeu en transition.

Devant, il va remettre en jambes (et surtout en confiance) un garçon qui passait pour le mal-aimé, et qui ne faisait que du surplace depuis plusieurs saisons: El Moutaraji. Plutôt que de l’isoler en pointe, il va lui demander d’exploiter sa mobilité sur les ailes pour tourner autour d’un Mbenza ou Tsoumou. Il lui demande d’exploiter sa qualité de passe, donc de lever la tête, et de ne pas hésiter à frapper. En bref, El Moutaraji, bien utilisé dans un système qui lui sied à merveille, apprend à jouer juste: timing, courses, altruisme. Le garçon a tellement progressé (voir ses buts magnifiques en finale de C1, ou en coupe du trône face au Raja), que la logique voudrait que Vahid le sélectionne au plus vite. Haimoud aussi, soit dit en passant. Et, tant qu’à faire, un Hassouni aussi, qui a une belle qualité de sortie de balle, même si ses stats personnelles restent en-deçà de son potentiel réel.

Après, Regragui a fait progresser d’autres garçons, comme le latéral Atiyat Allah, désormais international, le milieu Jabrane, en taille patron, le défenseur Dari. Il a aussi fait des miracles, littéralement, avec un Ferhane, qui sommeillait loin derrière les Comara, Aboulfath ou Rahim.

Et que dire de la réussite exemplaire du tandem Mbenza–Tsoumou, auteurs d’une saison canon. Le secret, c’est la confiance, le travail d’équipe, une utilisation optimale des qualités et défauts propres à chacun. Tout cela a fait que, lorsque le Wydad a perdu un joueur important comme Ellafi lors du sprint final, on n’y a vu que du feu. Pourquoi? Parce que Regragui a remobilisé un Aouk et donné plus de marge encore à Moutaraji.

La réussite du Wydad a été telle que même l’échec de Benyachou, recrue la plus chère du mercato des Rouges, est passé presque inaperçue. Et pourtant.

Cette équipe du Wydad a toujours faim et elle a encore deux titres à convoiter: la Coupe du Trône et la Supercoupe africaine. La possibilité du grand chelem est donc là, une perspective totalement inédite. Et franchement inespérée quand on regarde la composition de l’effectif en début de saison et les difficultés rencontrées dans le jeu.

Gagner sans maitrise, en souffrant au maximum, mais avec des qualités individuelles mises au service du collectif. Voilà comment cette équipe a tout cassé, alors qu’elle n’a absolument pas la maitrise ou la qualité individuelle de certaines de ses devancières (le Wydad de Youri 1989-1994).

Maintenant, pour que cette saison «anormale» soit définitivement historique, Regragui et ses hommes doivent rafler les deux titres encore en jeu. Pour enfoncer le clou et rentrer dans la légende.

Par Footix marocain

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