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Le derby le plus nul au monde

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2-1, le Wydad a gagné, mais le Raja n’a pas perdu. C’est cela la principale leçon du derby d’hier, qui aurait pu et dû nous offrir encore plus de spectacle et de buts.

Rendons justice au derby joué hier. Il n’a pas été le plus nul de l’histoire. Il a souri à l’équipe la plus tranchante, on a vu des buts et des occasions, des frappes cadrées. Surtout, le Wydad comme le Raja ont donné l’impression de viser les 3 points. Ce qui est en soi une bonne nouvelle.

Historiquement, un derby sur deux s’est soldé sur un partage des points. Un match nul, souvent dans le sens premier du terme, c’est-à-dire sans but et sans saveur. Il y a bien eu quelques exceptions, comme le célèbre 4-4 (record de buts dans un derby) d’il y a 3 ans à l’occasion de la Coupe Mohammed VI des champions arabes, mais elles sont trop rares.

La règle, c’est le 0-0 ou le 1-1, plus rarement un 2-2. En somme, chacun pousse pour «voler» un but et se barricader derrière, avant de se faire rejoindre sur le fil. Et à la fin, tout le monde est content du nul, les deux géants casablancais se quittent en bons amis et les peuples rouge et vert remettent la question de la suprématie au derby suivant.

Cette règle du «nul jusqu’à preuve du contraire» est devenue une rengaine. Au point que le public a fini par croire, au fil des ans, que les deux équipes s’arrangeaient «pour que personne ne perde». Pour raisons politiques, voire sécuritaires. C’est-à-dire pour limiter la casse, dans le sens premier du terme. La consigne, c’est de ne pas perdre: le match et la face.

Ainsi va le derby casablancais, l’un des plus suivis en Afrique, voire dans le monde. On y déploie les plus grands tifos, avec une énorme dépense d’énergie en dehors du stade, mais on y voit généralement très peu de jeu, de football et de buts.

Même quand l’un ou l’autre l’emporte, c’est très souvent par la plus petite des marges: un but d’écart, sans plus, comme le match d’hier. C’est une tradition tellement bien ancrée dans les esprits que le public, là encore, a fini par croire qu’il y avait une autre consigne secrète, voire un ordre supérieur, qui disait: «Faites match nul, à défaut gagnez mais sans humilier l’autre. S’il vous plait!».

Comme on l’a encore vu dans le derby d’hier, celui qui ouvre le score a tendance à lever rapidement le pied en se cantonnant derrière et en jouant à la baballe. Le derby casablancais débouche rarement sur un festival offensif, le but est une denrée rare qui coûte très cher.

Comparé aux autres derbys du continent noir (Ahly–Zamalek, Espérance–Club Africain, pour ne citer que ceux-là), et dans le reste du monde (Real–Atletico, Inter–Milan, River Plate–Boca Juniors), le derby casablancais reste le roi du nul et du gagne-petit. Mais l’exposition grandissante et méritée des deux clubs casablancais, dont la progression sur le plan continental a été impressionnante au cours des dernières années, a créé de nouvelles exigences. Il faut marquer plus de buts, créer plus de jeu et de spectacle.

Alors un bon point au Raja et au Wydad pour le spectacle correct offert hier. En espérant que les deux géants africains feront plus et mieux, pour se débarrasser de cette culture du nul qui ne cadre plus avec les standards du foot moderne.

Par Footix marocain

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