Filinfo

Botola

Le foot, une affaire trop sérieuse pour être confiée aux politiques

Saâd-Eddine El Othmani, chef du gouvernement. © Copyright : DR
L’hésitation de l’exécutif à se prononcer sur le sort du championnat nuit à toute une institution qui est la FRMF et par ricochet à un secteur en plein essor, plus que jamais créateur d’emplois. 

Grand nombre de citoyens marocains (et d’êtres humains sur Terre), suivent avec attention l’évolution de la pandémie Covid-19 qui a frappé une grande partie de la planète depuis fin 2019. 
 
Cette crise sanitaire a frappé de plein fouet le sport. Le temps a été désorienté, suspendu pour tous ceux qui ponctuaient leurs semaines au rythme des matchs. Et là on pense surtout au football, sport érigé depuis des lustres en spectacle populaire n°1 dans le plus beau pays du monde. 
 
Certains vont monter au créneau pour crier au favoritisme et rappeler que dans la vie, il n’y a pas que 22 gars qui courent derrière un ballon pendant 90 minutes et que d’autres disciplines méritent un minimum d’attention. 
 
Oui, on est d’accord sur ce point, mais les principaux concernés, les dirigeants des fédérations sportives, ont baissé les bras bien avant que le coronavirus ne vienne siffler la fin de la partie. 
 
Alors que les responsables de la FRMF s'enthousiasment pour la moindre décision du gouvernement concernant le déconfinement, les autres gardent un calme olympien. Oualou, rien, nada. Quand ils sont invités à commenter cette situation, leur ton est zen, monocorde, aussi plat que l'encéphalogramme d'une table de chevet.
 
On imagine que si ces gars jouaient dans 2012 (vous savez, le film sur la fin du monde), leurs personnages finiraient tranquillement leur grille de mots croisés sur le flanc d'un volcan en éruption. On ferme donc cette parenthèse sans la claquer, pour ne pas réveiller Si Ahizoune et compagnie.
 
Revenons à nos moutons. Le 13 mars dernier, la Fédération royale marocaine de football a décidé de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toutes les compétitions footballistiques au royaume. 
 
Plus de trois mois plus tard, la situation n’a connu aucune évolution. La Botola, dans ses deux divisions, est toujours à l’arrêt et l’horizon ne semble point s’éclaircir pour permettre une quelconque reprise. 

La FRMF attend un signe d’un gouvernement qui, apparemment, place le foot et le sport en général en bas de la liste de ses priorités du moment. 
 
Et pour ne rien arranger, les subventions des villes destinées aux associations sportives et culturelles ont été réaffectées pour contribuer à la lutte contre la pandémie. Par conséquent, certains clubs sont déjà en mode "assistance respiratoire" et se trouvent dans l'incapacité de payer les salaires et donc dans l’impossibilité de reprendre la compétition. 
 
Cette hésitation de l’exécutif à se prononcer sur le sort du championnat nuit à toute une institution qui est la FRMF et par ricochet à un secteur en plein essor, plus que jamais créateur d’emplois. 
 
Les contrats signés par la fédération avec ses partenaires commerciaux contribuent à financer une grosse partie du fonds de roulement annuel de la majorité des clubs du pays grâce aux primes des droits TV. 
 
Des écuries de D1 n’ont reçu aucune garantie de la part de leurs sponsors, dont certains menacent de stopper leur collaboration si la saison venait à s’arrêter définitivement. 
 
Des milliers de ménages attendent donc le verdict du gouvernement d’El Othmani, qui a pensé à relancer la roue de l’économie en rouvrant les usines et les entreprises, leur permettant de reprendre leurs activités, mais a oublié le foot. Ils l’ignorent, peut-être, mais le foot est une vraie machine économique qui pèse des centaines de millions de dirhams. 
 
Les gouvernements européens ont tranché dans le vif en décidant de terminer la saison (Allemagne, Italie, Espagne et Angleterre) ou d’arrêter (France, Pays-Bas, Belgique). Les premiers ont tenu à respecter leurs engagements vis-à-vis de leurs partenaires commerciaux, tandis que les seconds ont préféré limiter les dégâts et fixer une date de reprise pour la saison à venir. 
 
Moralité de l’histoire: le foot est une affaire trop sérieuse pour être confiée à nos politiques.

Par Adil Azeroual

Tags /


à lire aussi /


Commenter cet article
Oups ! il semble que votre name soit incorrect
Oups ! il semble que votre e-mail soit incorrect
Oups ! il semble que votre commentaire est vide

Oups ! Erreur de valider votre commentaire

Votre commentaire est en attente de modération

Filinfo

Retrouvez-nous