Né en 1955, Khalifa El Abed est un nom bien connu du football marocain, voire mondial. Et pour cause, il est intimement lié à l’exploit des Lions de l’Atlas en Coupe du monde 86, où le Maroc fut le premier pays africain à se qualifier pour le deuxième tour.
Ancien joueur du KAC de Kénitra, Khalifa nous livre, dans l’interview qui suit, ses sentiments sur la situation «catastrophique» de son club de cœur.
Le360sport: Comment avez-vous accueilli la descente du KAC en division amateur?
Khalifa El Abed: C’est trop triste. Dans toute la ville, cette relégation a été ressentie comme un tremblement. Car le club dispose d’une grande assise populaire, d’un public merveilleux et connaisseur. Depuis des années, je n’ai cessé d’attirer l’attention sur la mauvaise gestion du club, mais peu en tenaient compte. Et voilà où nous en sommes aujourd’hui.
Quelles sont, selon vous, les raisons de cette déconvenue?
Il faut d’abord souligner qu’évoluer en deuxième division, ce n’est pas grave. Voire, c’est normal dans le foot. Mais être relégué en division amateur, et surtout pour un club de la dimension du KAC, ce n’est pas évident. C’est indigne de son passé, de son histoire et de son public. Quant aux raisons, elles sont connues de tous. Tout le monde, ici, sait que les dirigeants qui ont présidé aux destinées du club durant de longues années, n’avaient qu’un seul objectif: servir leurs propres intérêts, quitte à plonger le club dans les dettes.
Y avait-il des contacts entre les anciens joueurs et le bureau dirigeants?
Oui, plus d’une fois. La dernière, on nous a demandé de donner une vision pour le développement du club. Nous avons présenté un projet, en insistant surtout sur les jeunes. Mais, peu de temps après, nous étions surpris de voir débarquer un entraineur avec 14 joueurs hors de la ville. J’en ai parlé avec le président, mais j’ai compris qu’il y a anguille sous roche.
Que préconisez-vous pour que le KAC retrouve la place qu’il mérite?
Il faut, avant tout, que les responsables et le staff technique démissionnent. Ce n’est pas une insulte que de dire qu’ils doivent partir, mais je considère que c’est dans l’ordre des choses: quand on échoue dans un domaine ou dans un autre, on plie bagage. Il faut aussi confier le club aux gens qui y ont grandi, ses enfants en non les intrus.
Croyez-vous toujours au KAC?
Bien sûr que j’y crois, et j’y croirai toujours. Mais il n’y a pas que moi ou les Kénitréens pour aimer ce club. C’est tout le Maroc, de Casablanca à Fès, en passant par Tanger et autres. Le KAC est une partie intégrante du football national. Je ne conçois pas le football marocain sans le KAC. Mais il faut avant tout construire un centre de formation dans la ville. C’est, à mon sens, la condition sine qua non de former et préparer des générations de bons footballeurs.