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En sport, il ne faut jamais se réjouir des difficultés des adversaires

Cristiano Ronaldo et Lionel Messi lors d'un ancien Clasico Real-Barça, disputé en 2017. © Copyright : DR
La question qui reste pour le moment sans réponse: est-ce que ces versements, qui sont ressortis régulièrement par la suite en liquide, ont permis au Barça de gagner des matchs et des titres? Rien n’est moins sûr!

Le sport provoque souvent un yoyo émotionnel, les joies comme les peines sont éphémères. Il faut savoir féliciter ceux qui sont heureux aujourd’hui pour qu’ils s’en souviennent demain.

Les réseaux sociaux se sont enflammés, en Espagne et un peu partout dans le monde, depuis la publication d’un rapport incriminant le Barça dans une affaire présumée de corruption.

Ce qui s’est passé est très grave. En 3 ans, les dirigeants de Barcelone ont versé –le club l’a reconnu et s’en explique– 1,4 million d’euros en trois tranches à la société DASNIL 95 SL, une entreprise qui appartient à l’ancien vice-président du Comité des arbitres, M. José Maria Enriquez Negreira. C’est tout à fait par hasard que cette affaire a été révélée.

En effet, le propriétaire de cette société l’a mise en liquidation, au lendemain de son départ du Comité des arbitres. Cette mise en liquidation, qui correspond à l’arrêt des versements, a éveillé la curiosité des contrôleurs fiscaux… d’où l’affaire. 

Ce n’est pas la première fois que le football européen est rattrapé par des scandales. En 1971, des joueurs de Shalke 04, un des plus grands clubs de la Bundesliga à l’époque, avaient touché des pots de vin pour perdre un match.

Plus récemment, en 2006 en Italie, c’est «l’affaire Calciopoli» qui a défrayé la chronique: elle concernait des conversations téléphoniques entre le DG de la Juventus et un ancien arbitre qui était en charge de la désignation des arbitres. Après enquête, la justice italienne avait rétrogradé la Juventus en 2e division.

Le scandale qui vient de secouer la Liga semble plus grave car il concerne le FC Barcelone, un des clubs les plus populaires du football mondial et –selon plusieurs médias madrilènes pas forcément bienveillants envers le rival catalan– porte sur une des périodes les plus fastes de l’histoire du club, celle de «l’ère Messi».

La question qui reste pour le moment sans réponse: est-ce que ces versements, qui sont ressortis régulièrement par la suite en liquide, ont permis au Barça de gagner des matchs et des titres? Rien n’est moins sûr! Les journalistes proches du Real s’efforcent de faire des rapprochements, ils sortent des statistiques sur la période incriminée: le Barça a bénéficié en Liga de 78 journées sans penalty en contre, 59 journées sans expulsion et 19 penalties. Il n’en demeure pas moins que ce ne sont pas des preuves. Seuls des aveux pourront déterminer s’il y a eu corruption ou pas.

Les dirigeants du Barça se défendent, les fonds versés ont servi à régler une prestation de conseil. Il fallait former les joueurs aux nouvelles règles arbitrales et ce ne sont pas les seuls à le faire. Le Real a recruté un ex-arbitre à cet effet et personne n’y a trouvé à redire. Ce n’est pas faux, sauf que dans le cas du Real, l’ex-arbitre n’était plus en activité et n’avait pas de responsabilité au niveau du comité.

M. Tebas, président de la Liga et ennemi juré du Real et du Barça, vient de venir au secours du Barça en précisant que M. José Maria Enriquez Negreira n’avait aucun pouvoir sur le process de désignation des arbitres. Dans la foulée, il a déclaré qu’il n’y aura pas de suite sportive car c’est une affaire prescrite. Selon la loi en Espagne, une plainte ne peut pas être déposée au-delà de 3 ans après les faits.      

Or, ce n’est pas fini… cette règle de 3 ans a été instaurée récemment –selon des fuites pas forcément fiables– par un socio du Barça. Les conditions d’une plainte pénale, non prescrite, sont donc réunies. À cet effet, il faudrait que la Liga dépose plainte, elle ne le fera pas, elle se priverait de sommes importantes en droits TV… Le Real non plus, même s’il est en droit de s’estimer lésé –le Barça étant son seul allié en Super Ligue, il ne prendra pas le risque de perdre un soutien précieux.  

Cette affaire va-t-elle faire pschitt? On en saura plus dans quelques semaines. En tous les cas le Real se fait discret, il sait bien qu’en sport il ne faut jamais se réjouir des difficultés de l’adversaire .

Par Larbi Bargach

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