L’Égypte accueille pour la cinquième fois de son histoire, après 1959, 1974, 1986 et 2006, la plus prestigieuse des compétitions continentales: la Coupe d’Afrique des Nations. Les Pharaons, emmenés par la star de Liverpool Mohamed Salah, sont les grands favoris pour succéder au Cameroun, vainqueur de l’édition 2017, organisée au Gabon.
Mais au-delà du volet purement sportif, l’enjeu est de taille pour Abdel Fattah al-Sissi qui veut affirmer le retour du pays sur la scène internationale après le chaos de 2011. En effet, depuis la chute du régime d'Hosni Moubarak à la faveur de la révolte, l’Égypte a connu une longue période d’instabilité.
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Cette CAN, la première à 24 équipe, tombe donc à point nommé pour le président qui cherche à tourner la page de la révolution et effacer le souvenir des turbulences politiques et économiques. Coïncidant avec sa présidence de l’Union africaine pour un an, l’organisation du tournoi panafricain est une autre façon d’y assurer le rayonnement de l’Égypte.
Et avec la participation de nombreuses stars planétaires tels Mohamed Salah, Sadio Mané, et autres Hakim Ziyech, cette 32e édition pourrait battre des records d’audience.
Mais l’enjeu est avant tout national. Ces dernières semaines n'ont pas été exemptes de couacs. Fin avril, le comité d'organisation s'est attiré les critiques de supporters égyptiens après avoir annoncé des prix jugés élevés pour les billets des matches des Pharaons, alors que le pays lutte pour sortir d'une grave crise économique.
Selon les chiffres officiels, 28% des Égyptiens vivent sous le seuil de pauvreté et le revenu mensuel moyen par habitant est d'environ 4.000 livres égyptiennes (2000 dirhams).
La colère des fans a contraint les organisateurs à réduire le prix des billets pour les matches de l'Égypte à 150 livres (70 dirhams) au lieu de 200 livres. Mais dans un pays de près de 100 millions d'habitants, soumis à une forte inflation, les prix des billets restent, malgré la baisse, très élevés.
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Autre sujet de mécontentement: la question de la diffusion des matches à la télévision. Les autorités égyptiennes, qui comptaient sur une diffusion à la télévision publique via le satellite Nilesat, ont vu leurs plans contrariés en raison des droits qui sont détenus par la chaîne qatarie beIN Sports.
En tant que pays hôte, l'Égypte peut recevoir les images, mais celles-ci ne pourront être diffusées que sur le réseau hertzien, ce qui implique l'achat d'antennes adéquates, à des coûts souvent prohibitifs pour certains ménages égyptiens, pour qui le football est le seul divertissement.
Le gouvernement égyptien compte sur l'engouement suscité par la 32e Coupe d'Afrique des Nations, pour faire passer les nouvelles mesures d’austérité économique qu’il compte opérer à partir du 1er juillet.
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