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Algérie: Les vieux du stade

Abdelmadjid Tebboune, le président algérien et Saïd Chengriha, le chef d'état-major de l'armée algérienne. © Copyright : DR
L’idée de rouvrir les stades de football en Algérie déclenche chez les chibanis au pouvoir une crise de panique accompagnée de douleurs thoraciques et d’incontinence urinaire.

Comme vous le savez depuis belle lurette, les Tebboune, Chengriha et autres membres du régime militaro-politique en Algérie sont des créatures frileuses. Rien que l’idée de rouvrir les stades de football, fermés en raison de la pandémie du Covid-19, déclenche chez les papys une crise de panique accompagnée de douleurs thoraciques, de sensation de suffocation, de vertiges, de déséquilibres, d’évanouissements et d’incontinence urinaire.

Et ce ne sont pas les Derradji, notre ami NoBody ou la presse connue pour ses accointances avec la junte, criant haut et fort le contraire par peur, par ignorance ou par souci de «rentrer dans leur étui», comme le décrit si bien l’expression populaire, qui vont changer la réalité des choses. Que nenni! 

Si les autorités algériennes continuent d'interdire les stades aux Algériens, c’est tout simplement par crainte qu’ils ne se transforment en lieu de manifestations d’un ras-le-bol général. Sinon comment expliquer que dans un pays où les journaux annoncent la fin du Covid-19, où le port du masque est une image d’archives, où les mosquées, les cafés et les marchés sont bondés de monde, seules les stades de football sont soumis à régime spécial?

Rappelez-vous du Hirak de 2019. Dans toutes les villes d'Algérie, femmes, étudiants, retraités, ou simple fans de football, tous entonnaient à un moment donné la chanson «La Casa del Mouradia», composée par le groupe de supporters de l'USM Alger pour témoigner du mal-être de la jeunesse algérienne. Le stade s'était déplacé dans la rue et c’est ce qui terrorise le régime.

Des millions de personnes, regroupées dans un même espace, disciplinées, polies et souvent souriantes, visiblement heureuses d’être là. Il y avait de l’enthousiasme, des slogans correctement mis en musique, des tifos... pardon, des banderoles et des pancartes à l’orthographe correcte. Il n’y avait pas eu la moindre bagarre entre les manifestants, pas le moindre bus cassé. Les Algériens n’avaient qu’un seul but à marquer: dégager les chibanis et les grabataires qui se cramponnent au pouvoir. 

C’est pour tout cela que les autorités ne rouvriront pas de sitôt les gradins des stades au public. Le jour où les fans de football laisseront de côté les «les généraux à la poubelle», «Dawla madania machi askaria» (un État civil et non pas militaire) et autres «Istiqlal, Istiqlal…» (Indépendance, indépendance…), slogans-phares du Hirak, et inventeront d’autres géniaux (genre «dima dima Chengriha!» ou «Allez Tebboune, Allez!», là les gérontes du régime rouvriront dare-dare les enceintes sportives devant le public. Et distribueront dans les stades de l’eau minérale, des sachets de laits et même des bidons d’huile de table.

En attendant ce moment heureux, les répétitions vont bon train en vue de tout bien préparer. En effet, les stades se sont substitués aux supermarchés pour vendre un produit en voie d’extinction: l’huile de table. Les Algériens qui font la chaîne devant ses stades n’ont pas compris que le régime se livre à une répétition grandeur nature pour être prêt le jour béni où dans les tribunes des stades vont monter des hourrahs à Chengriha et à Tebboune. Le stade de Sidi Bel Abbès a été sélectionné pour mener les répétitions de cette opération, classée secret-défense, censée transformer les irréductibles supporters algériens en moutons qui chantent les louanges de l’appareil militaro-politique.

L’huile de table vendue dans le stade de Sidi Bel Abbès (Algérie).

L’huile de table vendue dans le stade de Sidi Bel Abbès (Algérie).

© Copyright : DR

Les supporters des clubs algériens, qui faisaient trembler le pouvoir en place, il y a quelques mois, font désormais la chaîne pendant des heures pour un bidon d’huile, avant de poursuivre leur périple en quête de pain, de lait et de semoule pour nourrir leur famille. Le régime pense avoir déjà réussi à moitié la préparation du clou du spectacle des célébrations du 60ème anniversaire de l’indépendance du pays.

Par Adil Azeroual

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2 commentaires /

  • adil
    Le 14 Apr. 2022 à 19h41
    fermés en raison de la pandémie du Covid-19 ? du tout mon ami, fermés par crainte que les rencontres de foot ne se transforment en émeutes anti régime et que ça enflamme le pays, y a pas plus simple, demandez aussi pourquoi les salles de cinéma n'existent lus dans ce pays, tout petit rassemblement public peut prendre une ampleur incontrôlable, le peuple est au bord de l'explosion, le régime veille a la continuité de sa tranquilité, une petite émeute et le chengriha ne controle plus sa vessie, le taboune tient a tirer tranquille se joints sans qu'il entende beugler madania mechi askaria, ça écorche les tympans
  • Tribuneur
    Le 13 Apr. 2022 à 14h07
    Ce n est pas de la faute des vieux chibanis, car, ils sont sous pression de leur âge avancé. Tout ce qu ils savent faire , c est s accrocher au pouvoir côute que coûte et de distribuer leur générosité aux vieux mercenaires du Polizario, sans se soucier aux multiples tabours de nos frères Algériens devant les boutiques et les magazins d approvisionnement. Allah ihdi ma 7ala9 si ichafi al jami3
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