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Ce ballon rond qui nous rend fous

Karim Boukhari. © Copyright : DR
La Coupe du monde est l’un des principaux événements politiques de la planète. Oui, politiques!

Emmanuel Macron a fait rire tout le monde quand il a dit: «Il ne faut pas politiser le sport.» Cette bonne blague.

La réalité, c’est qu’il est trop tard pour ne pas politiser le sport en général, et le foot en particulier. A partir du moment où il y a un enjeu, de l’argent, un public et des médias, il y a un gouffre qui sépare la victoire de la défaite. La politique naît dans ce gouffre.

Politiser, ça veut dire utiliser, exploiter, récupérer, capitaliser, manipuler, détourner. A partir du moment où le sport concerne un groupe de personnes, et à partir du moment où le sportif ne représente pas que sa petite personne mais un club, une ville, un clan, une «tribu» ou une nation, cela change du tout au tout. Le sport devient automatiquement, et gravement, influent.

Selon le résultat, victoire ou défaite, il peut retourner des opinions et devient alors utilisable, récupérable, «politisable». Pour le meilleur et, bien entendu, pour le pire aussi.

Quand on regarde le Mondial du Qatar, on voit tout de suite que le foot a une couleur, une odeur. Un match n’est pas une pièce de théâtre. On apprécie les beaux gestes, bien entendu, mais on vibre pour le club ou la sélection qui nous représente.

Il y a cette notion d’appartenance, qu’il faut prendre comme elle est, avec ses dérives et ses excès. Le spectacle devient accessoire. On choisit son camp: il y a nous et il y a les autres. La sélection qui nous représente devient une famille, la nôtre. Et c’est la plus belle, bien sûr, on la veut au-dessus des autres, on la voit tout en haut, même quand on l’éreinte.

Il faut voir comment la vie s’arrête quand la sélection marocaine entre sur le terrain. A l’heure du match, plus rien ne compte. Et tout le monde est prêt à signer un chèque en blanc pour une victoire. Peu importe le prix.

Et la politique dans tout cela? Mais elle est partout.

Il y a la surexposition médiatique qui offre, du coup, une magnifique tribune à toutes les causes, justes ou pas justes. Nous l’avons vu au Qatar avec les polémiques sur le brassard arc-en-ciel (en soutien à la communauté LGBT), les droits des travailleurs, etc.

Et il y a, dans les coulisses, tous les deals, financiers ou politiques, qui sont en train d’être passés entre les uns et les autres.

Et puis fermons les yeux et rêvons… Imaginez que le Maroc devient champion du monde. Croyez-vous que le reste du monde continuerait de le voir de la même manière, humainement et même politiquement parlant?

Disons-le autrement: que seriez-vous prêt à donner pour une victoire au Mondial? Assurément beaucoup, et des choses surprenantes, très chères, très personnelles.

Maintenant, pour ceux qui ont déjà pratiqué le football de la rue, rappelez-vous. Il y avait toujours un gosse qui jouait tous les matchs, même s’il avait les pieds carrés: c’est le propriétaire du ballon. Mais il y avait aussi un autre intouchable, qui jouait tous les matchs: celui dont le père était «quelqu’un». Grâce à lui, les plaintes des voisins, qui insupportaient le bruit et voulaient interdire nos matches, restaient sans suite.

Quand on accepte de prendre dans son équipe celui qui a le ballon et le fils de, on fait déjà de la politique!

Par Karim Boukhari

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