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Le football au service de manœuvres politiques à effet boomerang

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L’organisation de ce match, à Alger dans le stade Nelson Mandela, vise à détourner les regards sur les déboires des équipes nationales depuis que les généraux ont mis leur nez et leur incompétence au service de l’organisation du football algérien.

«Le mal algérien» est un brûlot très intéressant rédigé par Jean-Louis Levet et Paul Toula, deux spécialistes du pouvoir algérien. Ils racontent le pouvoir algérien de l’intérieur. Ils ont eu accès de façon officielle à tous les arcanes du pouvoir dans le cadre d’une mission initiée au départ par les gouvernements français et algérien en vue de proposer des réformes à même de sortir l’Algérie du sous-développement et des blocages administratifs.

Ils décrivent, dans cet essai, une Algérie bloquée au 5 juillet 1962, date de l’indépendance, qui se nourrit de mensonges, de propagandes et de mises en scènes orchestrées par un pouvoir militaire puissant et des marionnettes serviles et corrompues dont le seul objectif est de créer l’événement qui servira à justifier leurs politiques mafieuses.

Ainsi ce pouvoir illégitime, contesté par une majorité d’Algériens, vient d’organiser un match de football entre le Mouloudia d’Alger, un club mythique des populations musulmanes sous administration française, et une équipe du «Polisario», mouvement séparatiste à la solde du régime, constitué d’un ramassis de joueurs recrutés ici et là par la fédération algérienne.

Au-delà du caractère ridicule de ce match, organisé le lendemain de la finale de la CAN des U17 qui a opposé le Maroc au Sénégal, deux équipes qui avaient humilié l’Algérie en quart de finale et en phase de groupes sur le même score de 3 à 0, ce sont les conditions de l’organisation et la mise en scène qui interpellent et renseignent sur l’état psychologique, et peut être même psychiatrique, dans lequel se trouve les tenants actuels du pouvoir algérien. Tout d’abord l’accueil triomphal et VIP réservé à l’équipe à l’aéroport d’Alger, avec mise en place de formalités douanières et policières fictives prises, ils viennent d’Algérie pourtant, de l’aéroport de Tindouf. De qui se moque-t-on? Des Algériens bien sûr, le peuple érigé en dindon d’une farce qui ne fait plus rire personne. Ensuite le cinéma des hymnes nationaux, des échanges de fanions et une retransmission en direct du match.

Ce n’est pas la première fois que le régime se moque de son peuple. Ceux qui suivent l’actualité de ce pays se souviennent de l’entretien qu’avait orchestré Feu Bouteflika avec le portrait de Feu Boumediene. Il s’était engagé à respecter sa philosophie et sa politique au service du pays des martyrs. Oui vous avez bien lu, Bouteflika, Allah y Rahmou, nouveau président a organisé un jour un face à face télévisé avec le portrait de Boumediene. Plus tard ce sera le portrait de Bouteflika qui fera campagne pour sa réélection. Ce portrait gagnera le scrutin cette fois ci, avant d’être empêché par la suite de se représenter par un peuple en colère devant une telle humiliation.

Il faut toutefois reconnaitre que l’humiliation du peuple n’est pas l’objectif premier du pouvoir. Ces mises en scènes grotesques ont pour but de détourner le regard sur les échecs qui s’accumulent et qui s’expliquent par le manque de sérieux, l’absence de planification et des investissements hasardeux dont le seul dessein est de générer des rétrocommissions lucratives.

L’organisation de ce match, à Alger dans le stade Nelson Mandela, vise à détourner les regards sur les déboires des équipes nationales depuis que les généraux ont mis leur nez et leur incompétence au service de l’organisation du football algérien. Il comporte un risque; le retour de boomerang. En effet l’équipe nationale de football du MAK, mouvement indépendantiste de la Kabylie, est constituée et envisage de se produire un peu partout afin de promouvoir une cause qui a de plus en plus d’adeptes en Kabylie. Le taux officiel de participation des Kabyles aux différentes élections organisées par le pouvoir algérien est de 1%. C’est dire combien l’envie d’indépendance et de séparatisme est importante dans cette région rebelle de la République Algérienne. 

En réalité cette volonté de mettre en lumière «le Polisario» ne vise pas la communauté internationale, il a un objectif interne, la propagande et la manipulation de l’histoire, une spécialité du pouvoir.

Le Polisario ne participe pas à la Coupe du Monde des pays qui n’existent pas, ils avaient l’intention de s’inscrire avant de s’apercevoir que le MAK allait le faire aussi. Ils se sont rétractés, un éventuel affrontement MAK-Polisario, risquait de faire tache.

Le risque est ailleurs, le mensonge est dangereux et génère des frustrations. Et si la fable des 1,5 million de martyrs, devenu 5,5 millions by le Président Tebboune, flatte l’égo des Algériens, faire croire à l’existence d’un état factice avec l’énergie du désespoir risque de se retourner contre ses promoteurs et donner des ambitions aux membres du Polisario qui chapeautent les camps des séquestrés et autres. S’ils prennent goût au salon VIP de l’aéroport de Tindouf, ils vont un jour vouloir se l’approprier et le déplacement entre Tindouf et Alger deviendra un déplacement entre deux pays, la réalité rejoindra alors la fiction.

Par Larbi Bargach

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