Petits Lions, grand résultat

Inutile de le crier fort, puisque tout le monde le sait déjà : le Maroc a raté la première manche du barrage face à la RDC. Dans le contenu, les Lions sont passés à côté. Hormis les 10 premières minutes où ils ont plus ou moins fait illusion, ils ont subi les événements et donné parfois l’impression d’être au bord du K.O technique.

Mais voilà, ils ont assuré l’essentiel, c’est-à-dire un excellent nul qui les place en ballotage très favorable pour le retour, mardi soir, à Casablanca. Ce match retour n’aura rien à voir avec l’aller.

A Kinshasa, Vahid a clairement joué avec le feu. Il a tenté un coup tactique en évoluant avec un 3-5-2 assez statique, espérant « emprisonner » le ballon au milieu, loin de sa défense. Pourquoi un 3-5-2 statique ? Parce qu’il craignait, peut-être excessivement mais pas forcément à tort, le jeu des Congolais sur les côtés, qui constitue leur principale force (et cela s’est vérifié). Il souhaitait sans doute aussi maintenir un bloc compact pour fermer les espaces devant ces dévoreurs d’espaces que sont les attaquants congolais.

Mais ce choix avait un prix : le sacrifice de Boufal, perceur de coffre sur le côté. Ce qui revient à se priver du meilleur pourvoyeur de ballons, et d’une véritable machine à provoquer et à obtenir des fautes.

Tout a bien commencé quand, rapidement, trop rapidement, les Marocains ont encaissé un but. Comment revenir alors au score avec un 3-5-2 inopérant puisque, côté droit, Hakimi était systématiquement pris dans son droit au moindre mouvement vers l’avant, et côté gauche Masina n’a rien d’un piston et son apport offensif est quasi-nul?

La tâche était d’autant plus compliquée que, au milieu et nous l’avons souvent souligné ici, le déficit technique est trop grand et personne n’est capable de mettre le pied sur le ballon. Personne, non plus, n’est capable d’éliminer ou de trouver une ouverture devant. Sans oublier que, devant, la paire Mmae – En-Nesyri, déjà privée d’apports par les côtés, est peu compatible…

Dans ces conditions, il restait l’alternative des deuxièmes ballons, pour profiter des rares élans d’un Amellah. Mais pour cela, il aurait fallu que les deux attaquants puissent combiner, fixer ou tenter des frappes. Ce qu’ils n’ont jamais pu faire…

Jusqu’au pénalty raté par Mmae, le Maroc était souvent proche du 0-2, n’étaient-ce la maladresse des Congolais, les retours souvent désespérés de Saïss ou Aguerd, les arrêts de Bounou. Et une certaine baraka. Parce que le naufrage n’était vraiment pas loin. Et l’égalisation a finalement été obtenue sur une phase de transition, sur laquelle les entrants El Kaâbi et Tissoudali ont eu une réussite maximale.

Même face à une RDC évoluant à 10 en fin de match, Vahid a campé sur ses convictions tactiques, préférant miser sur le 1-1 plutôt que de tenter le 2-1 en renversant les Congolais. Il a préféré subir plutôt que d’attaquer une équipe pourtant réduite à 10. L’entrée trop tardive de Boufal n’a d’ailleurs pas servi à faire évoluer le schéma frileux du sélectionneur, mais à faire gagner quelques secondes en attendant le coup de sifflet final.

Le Maroc a donc fait un tout petit match, mais pas un mauvais match. Un mauvais match est un match que l’on perd. Et le Maroc n’a pas perdu, ramenant un excellent nul chez un adversaire qui ne lui réussit pas souvent.

Y avait-il de la place pour mieux faire? Oui, quand on a la chance d’avoir des faits de jeu favorables (pénalty et expulsion d’un joueur adverse). Mais le Maroc n’a pas fait mieux. Et, sur le contenu de son match, on ne voit pas trop comment il aurait justement pu faire mieux.

Disons-le clairement : au coup de sifflet final, ce n’est pas le Maroc mais la RDC qui pouvait avoir des regrets. C’est la RDC qui a eu les espaces et les occasions pour plier le match, pas le Maroc.

Mais la réussite ne sera pas toujours là pour maintenir les Lions en vie. Au retour à Casablanca, il faudra surtout éviter de jouer le 0-0, même si la CAF a maintenu la règle du but marqué à l’extérieur. C’est la gagne qu’il faut jouer, y compris en prenant des risques offensifs.