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Foot: la France et les Verts orphelins de Robert Herbin, le "Sphinx" de 1976

L'ancien joueur et entraîneur de Saint-Etienne Robert Herbin, le 28 novembre 1991 à Saint-Ouen. © Copyright : AFP
Un surnom, "le Sphinx", et une tignasse rousse: avec le décès lundi à 81 ans de Robert Herbin, joueur puis entraîneur mythique de Saint-Étienne, le football français a perdu l'un des symboles de sa première grande émotion collective, l'épopée européenne des Verts en 1976.

Milieu de terrain reconverti en techninicien aussi charismatique que mutique, Herbin présentait le plus beau palmarès du football français où manquait seulement la Coupe d'Europe, faute d'avoir remporté sur le banc de l'ASSE la fameuse finale des "poteaux carrés" à Glasgow.

"Le monde du football est en deuil", s'est ému le journaliste Jacques Vendroux, en annonçant le décès du célèbre entraîneur de l'ASSE sur Twitter, confirmé à l'AFP par le président du club stéphanois Roland Romeyer.

"C'est une part de nous qui s'en va. Notre peine n'a d'égal que la profonde admiration que nous lui portons. Robert Herbin restera à jamais dans nos cœurs", a sobrement tweeté le club dans la soirée.

Robert Herbin était hospitalisé depuis mardi dernier au CHU de Saint-Étienne pour de sérieuses insuffisances cardiaques et pulmonaires, sans lien avec la pandémie de nouveau coronavirus.

Phénomène de société devenu aujourd'hui un mythe vintage, le parcours européen de Saint-Etienne en 1976, sous la houlette du "Sphinx" jusqu'en finale, a décomplexé la France du foot après 18 ans de disette au sortir de la Coupe du monde 1958 en Suède où les Bleus, emmenés par Kopa et Fontaine, avaient terminé à la 3e place.

"Un grand vide" 

Ce soir du 12 mai, dans un stade d'Hampden Park à Glasgow acquis à sa cause, l'équipe que dirige Herbin s'incline 1-0, contre le cours du jeu, face au Bayern Munich en finale de coupe des clubs champions. La faute, veut croire la France, aux fameux "poteaux carrés" qui ont repoussé les tirs stéphanois.

"Ça m'a bien marqué. Ça reste gravé. Je ne l'ai pas digéré. J'y pense encore aujourd'hui. Je crois que le Bon Dieu n'était pas avec nous, ni les poteaux, ni la barre transversale", confiait-il à l'AFP en octobre 2015, reconnaissant n'avoir "jamais revu le match".

Ces maudits "poteaux carrés" n'auront pas empêché les Stéphanois de déambuler en héros, dès le lendemain de leur défaite, sur les Champs-Elysées à Paris. Symbole qu'Herbin et ses joueurs, avec leur épopée, avaient fait chavirer tout l'Hexagone. Et le décès de l'entraîneur ne peut laisser insensible le football tricolore.

"C'est une grande tristesse même si depuis quelques jours, notre cercle d'anciens joueurs faisait que l'on s'appelait souvent pour avoir des nouvelles et personne ne nous laissait beaucoup d'espoirs. Même si c'était programmé, c'est un grand vide", a réagi Jacques Santini, joueur lors de l'épopée de 1976.

"Nous avons vécu ensemble de très belles aventures dans ce club qui ne ressemble à aucun autre. De ces aventures qui marquent toute une carrière et fabriquent de magnifiques souvenirs comme le titre de champion de France en 1981", a déclaré à l'AFP l'ancien Ballon d'Or Michel Platini, arrivé lui en 1979 dans le Forez.

Neuf fois champion 

On retiendra surtout de ce fils de musicien le parcours de 1976. Mais il aura marqué son club en tant que joueur également, devenant naturellement capitaine dans les années 1960. Celui qui n'aura porté que le maillot vert, contraint en 1972 d'arrêter sa carrière en raison d'une blessure à un genou, passe alors très jeune - à 33 ans ! - le costume d'entraîneur.

Perfectionniste sur les plans technique et tactique, cet homme reconnaissable à sa chevelure frisée et rousse, surnommé "Roby" ou le "Sphinx" pour sa capacité, sur le banc de touche, à ne laisser paraître aucune émotion, a aussi été le précurseur en France de la préparation athlétique.

Sportivement, il s'est appuyé sur une génération de jeunes issus du centre de formation (Merchadier, Bathenay, Synaeghel, Santini, Lopez, P. Revelli, Sarramagna puis plus tard Rocheteau) pour dominer le championnat de France et tutoyer les grands d'Europe, avec quatre titres de champion de France obtenus en plus des cinq glanés en tant que joueur.

Plusieurs de ses Stéphanois formeront alors l'ossature de l'équipe de France. Du vert au bleu, de Saint-Etienne à la France entière: le souvenir de Robert Herbin est celui d'un club, mais aussi de tout un pays.

Par Le360 (avec AFP)

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