Bourré de talents, mené par un entraîneur de 63 ans, Lucien Favre, unanimement reconnu comme un excellent formateur, le Borussia Dortmund souffre depuis quelques saisons d'une maladie: l'inconstance.
A des périodes d'euphorie et de domination succèdent des passages à vide catastrophiques. A tel point que Dortmund, finaliste de la Ligue des champions 2013, n'a plus remporté un titre depuis la Coupe d'Allemagne 2017, l'unique trophée de l'ère Thomas Tuchel (2015-2017).
L'an dernier à la même période, le Borussia caracolait en tête de la Bundesliga avec 9 points d'avance sur le Bayern. Pour s'effondrer peu à peu en début d'année et dilapider son capital.
Favre en a tiré les leçons et s'efforce cette saison de donner à son équipe une stabilité défensive, autour du champion du monde 2014 Mats Hummels, et du nouveau venu Thomas Meunier (ex-PSG), titulaire indiscutable mais forfait sur blessure (mollet) mercredi contre la Lazio.
Favre en accusation
Les progrès ont été visibles. Malgré deux rechutes: le groupe est passé complètement à côté de son match à l'aller à Rome (défaite 3-1) et vient de s'effondrer samedi à domicile en Bundesliga contre Cologne, l'avant-dernier du classement au coup d'envoi, qui n'avait remporté aucun match en huit journées cette saison.
Ces défaites pourraient apparaître comme des péripéties normales de la vie d'une équipe, si elles ne s'étaient pas accompagnées d'une sorte de démission collective, d'un oubli momentané de toutes les règles de base: solidarité, rigueur défensive, audace offensive.
Interrogés sur les causes de ces "trous noirs", les dirigeants haussent les épaules, sans trouver de réponses... "Cette chute de performance est pour moi inexplicable", a soupiré samedi le directeur sportif Michael Zorc. "J'avais dit que nous devions démontrer que nous avions progressé par rapport à la saison dernière. Nous en avons été incapables".
"Nous devons bien avouer que nous ne sommes pas au point auquel nous pensions être arrivés", a déploré pour sa part le patron du club Hans-Joachim Watzke.
En interne, Lucien Favre n'est pourtant pas remis en cause. Il est même soutenu mordicus contre les critiques des experts et consultants, qui l'accusent depuis longtemps déjà de ne pas savoir insuffler ce petit supplément d'âme qui fait la différence au plus haut niveau. Un talent pour lequel Jürgen Klopp (2008-2015) est resté une idole à Dortmund.
- Haaland mieux que Lewandowski? -
"De mon point de vue, Lucien Favre n'est pas un entraîneur pour gagner des titres", a encore dit ce week-end l'ancien international Benedikt Höwedes.
Les défenseurs du Suisse, c'est devenu une rengaine, répondent en évoquant sa compétence: "Pour moi, Favre est le meilleur pour faire progresser les jeunes joueurs", a répondu à Höwedes un autre ex-international, Stefan Effenberg. "Les résultats vont venir, peut-être dans six mois, peut-être dans 18 mois (...) Des talents exceptionnels comme Jadon Sancho, Erling Haaland ou Giovanni Reyna vont tirer profit pendant toute leur carrière du fait d'avoir été entraînés par Favre".
Contre la Lazio, Dortmund n'a pourtant pas le temps d'attendre. Il faudra un sursaut collectif, et peut-être quelque exploit de Haaland pour aller chercher non seulement la qualification, mais aussi la première place du groupe en cas de victoire.
A 20 ans, le prodige norvégien (16 buts en 12 matches de C1) menace un record du club établi par le grand Robert Lewandowski. Sous le maillot jaune et noir du Borussia, le Polonais avait marqué à quatre reprises au moins deux buts dans la compétition reine. Pour réussir ses trois doublés et son quadruplé, il lui avait fallu 28 matches (2011-2014).
En six apparitions seulement en C1 pour Dortmund, Haaland a déjà inscrit trois doublés.