Face à la Croatie, il faudra gagner!

Il faut avant tout rappeler certaines évidences avant l’entrée en lice de cette équipe du Maroc. Ou, si vous voulez et comme le dit l’adage, «tant que le tajine est vide et qu’il n’y a (encore) rien de brûlé».

Parlons théorie. Selon le classement FIFA, le Maroc est 22ème, alors que la Belgique est 2ème, la Croatie 12ème et le Canada 41ème. Cela veut dire quoi? Que la place naturelle de la sélection marocaine est la 3ème. Au-dessus, c’est un exploit. Au-dessous, c’est une contre-performance.

Sur les 32 sélections en lice pour ce Qatar 2022, le Maroc est 20ème. Pourquoi 20ème et pas 22ème? Parce que deux parmi les nations qui le devancent au classement FIFA, n’ont pas composté leur billet pour le Mondial: l’Italie et la Colombie. Cela veut dire quoi? Que le Maroc ne devrait logiquement pas figurer parmi les 16 sélections qui accèderont au deuxième tour. Parmi les Africains, seul le Sénégal (18ème FIFA mais 16ème sur les 32 mondialistes) est «favori» pour passer le 1er tour. Pour tous les autres, ce serait un exploit.

Voilà pour la théorie. Appelons cela la logique sportive. Il est important de connaitre cette théorie, il faut digérer ces informations pour savoir d’où l’on vient. Et pour bien mesurer la performance à venir…

Maintenant il faut penser au jeu, rien qu’au jeu. Il y a un premier match à jouer mercredi, et il faudra le gagner. La Croatie a joué la finale du dernier Mondial, mais c’est une équipe dont la plupart des cadres (les Modric, Perisic, Brozovic, etc.) sont vieillissants. Il ne faut pas les regarder jouer, comme les Lions l’avaient fait pour le triste Maroc–Brésil (0-3) en 1998.

Et il est trop tôt pour sortir les calculs d’épicier. Les calculs, c’est pour le dernier match (face au Canada). L’erreur serait de faire comme les Lions de 1986, qui ont aligné deux nuls pour commencer, face à la Pologne et l’Angleterre.

Si le Maroc joue le nul face à la Croatie, il risque d’être submergé face à une équipe technique, qui sait garder le ballon et attendre de forcer le verrou. Dans le foot moderne, et surtout en Coupe du monde, c’est quand on ne peut pas gagner un match qu’il faut essayer de prendre le point du nul. Pas avant.

Pour cela, pour garder le cap, il ne faut pas se concentrer sur les forces de l’adversaire mais sur les nôtres. C’est le discours que tiendra Regragui à ses troupes.

La sélection marocaine arrive quand même à ce Mondial pleine d’espoirs. Elle a quelques certitudes dans le jeu, comme on l’a encore vu la semaine dernière face à la modeste Géorgie (3-0). Les cadres sont prêts, à l’image de Hakimi ou Ziyech. La blessure de Harit n’est pas oubliée, mais elle peut servir de motivation supplémentaire pour le groupe. En plus, Regragui a eu la bonne idée d’offrir de précieuses minutes de jeu pour les habituels remplaçants (les « botolistes » Jabrane ou Attiatallah, qui ont apporté certaines garanties) ou les derniers arrivants (Hamdallah ou Zaroury, qui avaient bien besoin de cette «mise en jambes»). L’idée est d’impliquer tout le monde, de mettre tout le groupe au même niveau physique.

En bref, le travail d’avant semble avoir été soigné, bien fait. Mais c’est le match face à la Croatie qui nous dira si cette préparation a été réussie. Pour cela, il faudra gagner. Le Maroc a ses chances et il faudra les jouer à fond. Parce que si nous craignons la Croatie, eh bien elle aussi. Si, si!