En 2018, au Mondial de Russie, les Marocains avaient fourni leur meilleur match face à l’Espagne à laquelle ils ont arraché un point (2-2). Ce n’est pas seulement parce qu’ils ont joué sans pression, étant déjà éliminés. La raison est à chercher ailleurs.
Depuis 2018, et même si la composition de l’équipe a énormément changé, la philosophie de jeu est restée la même chez les Lions de l’Atlas. C’est une équipe qui n’aime pas faire le jeu et préfère attendre. Une équipe à réaction, qui se cale avant de «sortir» et piquer en fonction de l’autre.
Contre la Belgique, les Marocains ont ainsi été très à l’aise, même en étant dominés et privés de ballon. Contre le Canada, en revanche, et malgré la victoire, on les a vus déjouer quand les Canadiens abandonnaient la possession: les deux buts n’ont d’ailleurs pas été marqués sur des phases de possession, mais sur des situations de contre.
Malgré son évidente supériorité technique, l’Espagne est (relativement) un bon tirage pour le Maroc. Théoriquement du moins. La Roja n’est pas invincible, et le Japon l’a bien montré, parce qu’il a su être patient et faire le dos rond, avant de la piquer au bon moment.
Walid Regragui va certainement préparer ses troupes dans la perspective de subir le jeu. Avec l’obligation de fermer les espaces et de réduire l’influence de Pedri le jeune milieu, entre autres. Tout en gardant, bien sûr, des munitions pour exploiter à fond les situations de contre.
Comme face à la Belgique, il s’agira de faire preuve d’une grande réussite offensive. Les ballons négociables ne seront pas nombreux, il faudra convertir la moindre demi-occasion en but. Si cela a marché et la réussite a été au rendez-vous, c'est parce que les Marocains avaient du jus. Physiquement, ils ont d’ailleurs mieux fini le match que tous leurs adversaires. Même dominés dans le jeu, ils n’ont pas beaucoup couru derrière le ballon.
L’équation ne sera pas la même face à l’Espagne, qui aime par-dessus tout «affoler» et fatiguer ses adversaires en faisant circuler le ballon dans tous les sens. Quelle sera, alors, la réponse tactique de Regragui?
Ce n’est peut-être pas un hasard s’il a déjà lancé dans le bain un Jabrane, face au Canada. Le sélectionneur marocain pourrait être tenté de renforcer son milieu de terrain, dont la récupération repose un peu trop sur les épaules du vaillant Amrabat.
Plutôt que de densifier sa défense en évoluant avec une charnière à trois, c’est plutôt vers l’entrejeu qu’il faudra se tourner. On connait Regragui. La tentation de mettre un deuxième récupérateur pour évoluer en double pivot est réelle. Ce n’est qu’une piste, et ce n’est pas la seule.
Au-delà de la solidarité et de la discipline collective, l’atout-maître des Lions, derniers représentants africains dans ce Mondial, s’appelle l’intensité. C’est ce qui a permis aux Marocains de gagner les duels et de «dégoûter» leurs adversaires du 1er tour. Cette intensité est la clé pour compenser le relatif manque de qualité technique dans l’entrejeu.
On sait aussi que cette équipe d’Espagne est généralement contrariée quand, en face, on met de l’intensité et de l’impact physique.
Après, l’effectif marocain regorge de joueurs qui connaissent le football espagnol. En plus de ceux qui ont affronté l’Espagne en 2018, de nombreux Lions connaissent la Liga. Y compris coach Regragui, quand il était encore joueur. Lui et les autres savent que les Espagnols sont fragiles sur les ballons qui arrivent dans le dos de leurs défenseurs, généralement haut positionnés; et sur balle arrêtée, notamment dans les airs. C’est comme cela que Boutaïb et En-Nesyri, déjà, les avaient surpris en 2018.
Allez les Lions! Ça sera dur, très dur, mais c’est jouable.
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