Ouzzine: Chronique d’un départ annoncé

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Le limogeage du ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Ouzzine, était attendu. Ce n’était que question de temps. Et voilà donc que le couperet est tombé sur décision de la plus haute autorité du royaume.

Le 08/01/2015 à 01h54

Il y a peu de temps, nul ne pouvait prédire un tel sort pour Mohamed Ouzzine. Nommé ministre de la Jeunesse et des Sports le 3 janvier 2012, il pouvait se targuer de son influence au sein de son parti, le Mouvement populaire (MP), allié majeur de la coalition gouvernementale. Il était même destiné à devenir le patron de cette formation politique. «Oui, je briguerai le poste de secrétaire général du parti», avait-il affirmé.

Mohamed Ouzzine bénéficiait de la «protection» de Halima Assouli, surnommée la dame de fer du MP. Le secrétariat général du parti lui était donc quasiment acquis. Pas étonnant qu'en dépit du scandale du Mondialito, Ouzzine continuait à bénéficier du soutien de Mohand Laenser, l’actuel SG du MP, et de nombreux harakis.

«Malgré les résultats catastrophiques des équipes nationales dans différents sports, Mohamed Ouzzine était resté intouchable. Il semblait difficile de s'en prendre à un ministre aussi important que lui et à son parti, allié majeur du parti au pouvoir, le PJD», souligne un chercheur en sport dans une déclaration à Le360.

Cependant, Ouzzine multipliait les erreurs. Nommé ministre de la Jeunesse et des Sports, il a choisi d’être «ministre du football». Il empiétait sur les prérogatives du président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF). Ce qui n’était pas sans rappeler son prédécesseur Moncef Belakhyat et ses immixtions dans les affaires de la fédération du temps de Ali Fassi-Fihri.

«Seul le roi peut me limoger»

D’aucuns se trompent à la vue des documents publiés par la presse et remettant en cause la gestion de la chose publique par Mohamed Ouzzine en considérant qu’il s’agit d’un règlement de comptes politique. Le scandale du complexe Prince Moulay Abdellah à Rabat lors du dernier Mondialito est sans doute la cause essentielle de son débarquement. A ce sujet, une boutade circule sur le Net quant à la déclaration du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane : «Ce qui s’est passé à Rabat n’est pas un scandale national». «En effet, ont répliqué les internautes. C’est un scandale international.»

Loin de la boutade, l’image du Maroc a été éclaboussée. L’éviction d'Ouzzine de la finale du Mondialito était un signal fort. «Le roi a tenu à ce que la finale ne soit pas affectée par les protestations du public contre Ouzzine si ce dernier venait à y assister.», estime un observateur. Mohamed Ouzzine entamait sa descente aux enfers. On estimait que son départ n’était que question de temps.

Peu de temps après sa nomination en janvier 2013, Mohamed Ouzzine n’avait plus la tête sur les épaules. Ses sorties hasardeuses et ses posts sur sa page Facebook lui ont valu bien des inimitiés. Invité sur les plateaux de Medi 1 TV, il avait déclaré, avec assurance : «Seul le roi peut me limoger». Il a été entendu. 

Par Abdelkader El-Aine
Le 08/01/2015 à 01h54