Marilyn jusqu’à la nausée…

DR

ChroniqueDe passage à Aix-en-Provence, notre chroniqueur est bien sûr allé voir l’expo «Marilyn» qui fait courir une partie de la France et nombre d’amateurs étrangers. Il en est ressorti en proie à un tournis mental…

Le 06/01/2017 à 08h22

Est-ce parce que la Fondation privée «Culturespaces», dans le magnifique hôtel de Caumont (1715), à Aix, qu’elle a restauré à grands frais, y a uniquement présenté jusqu’ici des événements «patrimoniaux», «classiques» (Canaletto, Turner, Collections princières du Lichtenstein) (1), et qu’elle fut, pour cela, un peu critiquée par la bobocratie ambiante? Toujours est-il qu’actuellement, ladite fondation nous offre une exposition plus dans l’air du temps new-yorkais, consacrée à l’actrice «mythique», pardon «iconique»… Marilyn Monroe (1926-1962), vue par la crème des photographes mondiaux: Cecil Beaton, Richard Avedon, Sam Shaw, Georges Barris, sans omettre l’artiste Andy Warhol.

Trois mariages ratés

Depuis le nu sur velours rouge de 1949, où la débutante pose pour un calendrier destiné à des camionneurs jusqu’aux pathétiques clichés de la femme abandonnée, après trois mariages ratés et une idylle «coupable» avec l’acteur-chanteur italo-marseillais Yves Montand (il était l’époux de la très fidèle Simone Signoret), «Marilyn» nous est donc administrée sous toutes les coutures, au fil de soixante épreuves (qui en sont une aussi, mais dans l’autre sens de ce mot, pour le visiteur non entiché de monotonie…); bref, on subit Mme Monroë… jusqu’à la nausée, malgré la compassion que suscite cette brave fille aux cheveux blond platine en quête d’un impossible bonheur de midinette.

Au fil de cette exposition finalement assez funèbre, les bons vivants ne peuvent guère se raccrocher qu’à quelques images projetées de quelques bons films de la comédienne tel Certains l’aiment chaud de Billy Wilder (1959), avec le désopilant Jack Lemon. Un rire sain qui vient enfin dérider les têtes d’enterrement que se croient obligés de prendre certains admirateurs inconsolables de la star, venus là un peu comme en pélerinage…

Sisley à l'horizon

Heureusement aussi, les appartements de l’hôtel de Caumont, reconstitués comme ils étaient vers 1750, sous le règne de Louis XV, dit le Bien-Aimé, sont là pour ceux qu’a lassé cette avalanche de clichés de la même Marilyn… Il y a aussi le jardin à la française de l’hôtel, la boutique-librairie d’une richesse exceptionnelle et le salon de thé tranquille et savoureux.

On peut voir également chaque jour, à diverses heures, dans une confortable salle à part, un excellent film moderne, sur la vie et la carrière de Paul Cézanne (1839-1906), le peintre aquisextain (2) par excellence. C’est d’ailleurs un des collègues et contemporains de Cézanne, le Britannique de l’Ecole française, Alfred Sisley (1839-1899), qui succédera à Marilyn à l’hôtel de Caumont du 10 juin au 8 octobre 2017, avec ses paysages impressionnistes, dont chacun est différent, loin cette fois de toute monotonie.

• Culturespaces, Hôtel de Caumont, 3 rue Joseph-Cabassol (près du cours Mirabeau), 1310 Aix-en-Provence

Tél: 0033 (0) 4 42 20 70 01

Ouvert tous les jours de 10 à 18 (ou 19) h, y compris les jours fériés.

www.caumont-centredart.com(1) Exposition brillante mais marquée en 2016 par le scandale de la saisie par la police française de la toile-vedette de la manifestation, «Vénus» (1531) de l’Allemand Cranach l’Ancien, oeuvre qui serait un «faux»… Une délicate affaire toujours en cours et qui a provoqué la stupeur à Vaduz, capitale de la Principauté germanophone du Lichtenstein, propriétaire du tableau.(2) On peut dire plus simplement «aixois» mais l’appellation ancienne reste en vigueur car elle rappelle «Aquae Sextiae», les eaux thermales découvertes sur le futur site du chef-lieu provençal par le consul romain Sextius et toujours exploitées en 2017.

Par Hugoz Péroncel
Le 06/01/2017 à 08h22