La réalité virtuelle dans tous ses états au Festival de Cannes

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Plonger dans l'espace avec Thomas Pesquet, se retrouver face à un cobra ou tourner avec Bela Lugosi, alias Dracula: si elle ne concourt pas pour la Palme d'or, la réalité virtuelle fait son show au Festival de Cannes.

Le 11/05/2018 à 11h31

En 2017, la VR (Virtual Reality) s'était invitée en sélection officielle avec "Carne y Arena", une plongée dans l'enfer vécu par les migrants signé du Mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu. Pas de tel honneur cette année, mais elle a toujours sa place dédiée au Marché du film, là où se font les démonstrations technologiques et les affaires pendant le Festival, avec près de 150 courts ou moyens métrages.

Sur la plage du Majestic, "The Wild Immersion" plonge le spectateur dans une réserve virtuelle. Via un casque audio-vidéo, calé dans un fauteuil pivotant, le spectateur évolue à 360 degrés, entouré de cobras, menacé de se faire écraser par un troupeau d'éléphants ou immergé au milieu des requins.

Au total, un an de tournage pour Adrien Moisson, ancien vétérinaire et publicitaire, en collaboration avec l'Institut Jane Goodall. Et un objectif: faire un état de la vie sauvage et alerter sur les espèces en voie de disparition. Le grand public pourra se plonger dans ces images à partir du 1er juin au Forum des Images, à Paris. Puis, d'ici la fin 2018, ce sera Shenzen (Chine), Hong-Kong, Londres, Los Angeles et Montréal.

Dans un appartement cannois, à quelques mètres du Palais des festivals, l'ambiance est au film d'horreur des années 50. Avec DVgroup, un studio français, on assiste au tournage d'une scène où Bela Lugosi regarde seul chez lui un des films de Dracula ayant fait sa gloire.

L'ex-star hongroise reprend vie via un acteur et le recours à la technologie +Motion Capture+. Et la scène est filmée en +Volume Capture+, par une douzaine de caméras qui enregistrent non pas des images, mais le volume du plateau. La scène est en boîte, en quelques secondes, et aussitôt montée, depuis une simple tablette. Puis le spectateur peut aussitôt la visionner, et même entrer dans la scène, via un casque VR: Bela Lugosi est là, à quelques centimètres, et on peut s'asseoir à côté de lui, sur le canapé.

Dans les entrailles du Palais des festivals, on peut carrément aller dans l'espace, "dans la peau de Thomas Pesquet", harnaché et équipé d'un casque audio-vidéo. Equipé de six servomoteurs (mélanges d'électronique, de mécanique et d'automatique), le fauteuil, une technologie du Français e6Lab, reproduit les chocs ou vibrations vécues par l'astronaute français.

Si les images sont signées Pesquet lui même, ses mouvements ont été modélisés par Optima Reality, autre société française, spécialisée dans "le design du mouvement". "Nous avons conçu une table de mixage qui nous permet de simuler le moindre mouvement en six dimensions, comme une boule sur un bain d'huile", explique Olivier Chalumeau, cofondateur de l'entreprise: "Nous pouvons aller jusqu'à de la 3G, ou emmener le spectateur dans des loopings, des vrilles. Via le ventilateur, nous pouvons simuler le vent, et nous pouvons même projeter de l'eau sur le spectateur, voire odoriser son environnement".

Casques audio-vidéo sans fils de Lenovo, casques Oculus de Facebook, fauteuils reproduisant les mouvements, joysticks permettant au spectateur de devenir acteur dans l'environnement virtuel où il évolue: "Sur la VR, les professionnels du cinéma sont passés de la période de la découverte à une nouvelle étape, (...) en testant différents mode de diffusion", explique à l'AFP Jérôme Paillard, directeur du Marché du film, où cette technologie a fait son entrée en 2016.

"La VR va-t-elle détrôner le cinéma traditionnel?", s'interrogeaient jeudi plusieurs intervenants, lors d'une conférence sur le marché du film. "Le cinéma n'a jamais reculé", est en tout cas persuadé Olivier Chalumeau. "Donc il va intégrer cette nouvelle donnée, comme il l'a fait avec le parlant, ou les images de synthèse".

Le 11/05/2018 à 11h31