Bourse: l’optimisme n’est pas de rigueur pour 2016

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La Bourse de Casablanca ne devrait pas connaître une véritable reprise en 2016. Les analystes boursiers de la place ne sont pas rassurants sur ce point. Du coup, la prudence s’impose en matière d’investissement même si la corbeille casablancaise recèle des valeurs intéressantes.

Le 15/01/2016 à 21h15

Déroutés très souvent dans leurs prévisions par un marché atypique au cours de ces dernières années, les analystes se font de plus en plus discrets quand il s’agit de parler des perspectives du marché boursier casablancais. Un exercice pourtant nécessaire.

Pour l’année boursière qui démarre, ceux qui se prononcent ne sont pas globalement optimistes.

«Une situation de méfiance s’est installée au niveau de la place casablancaise entrainant un cycle de pessimisme chez les investisseurs. Et cette méfiance se reflète sur les volumes anémiques échangés au niveau d’un marché marqué par un manque d’acheteurs», nous explique un analyste financier de la place qui a préféré garder l’anonymat. Et derrière cette méfiance, il y a bien évidemment l’impact des difficultés concernant certaines valeurs phares : Samir , CGI et Alliances.

Des performances à 2 chiffres pas exclues

Pour autant, si la reprise n’est pas attendue cette année, cela ne signifie pas que le marché ne présente pas d’opportunités d’investissement. Bien au contraire. Certaines valeurs de la place, grâce aux corrections enregistrées au cours de ces dernières années constituent de belles opportunités de placement. «Certaines valeurs pourraient afficher des performances à 2 chiffres».

Au niveau des grosses capitalisations, certaines peuvent retrouver les couleurs. C’est le cas de «la Sonasid dont l’action est tombée en dessous de ses fonds propres alors que la valeur présente des fondamentaux solides, des rendements intéressants et un tour de table avec des actionnaires de référence», explique l’analyste.

Ciments du Maroc, Holcim et Lafarge, pénalisées par la conjoncture et ayant connu des corrections injustifiées constituent également des valeurs à fort potentiel grâce aux nombreux projets d'infrastructures et les nouvelles opportunités qu'offrent les exportations de clinker vers l’Afrique subsaharienne.

Investir au cas par cas

Les investisseurs peuvent aussi cibler des valeurs moyennes ou de petites capitalisations présentant des risques moindres et qui sont bien gérés. C’est le cas d’un certain nombre de valeurs exportatrices qui bénéficient du raffermissement du billet vert.

Toutefois, si l’analyste juge que c’est le moment d’entrer sur le marché, il explique qu’il faut miser «sur des valeurs qui présentent des risques faibles, bien gérées, offrant des cours et rendements attrayants, des perspectives de développement intéressants, etc.».

Et même dans ce cas, «l’investissement doit se faire au cas par cas sur un horizon à moyen terme». L’investissement à court terme reste risqué du fait de la très faible liquidité du marché casablancais.

Et «ce sont les investisseurs institutionnels qui misent sur le moyen et le long terme et qui ne sont pas assujettis à une gestion émotionnelle qui doivent donner le signal au marché», souligne t-il. Cela devrait d’autant plus être le cas qu’ils sont dorénavant actionnaires de la Bourse de Casablanca.

Et concernant l’évolution attendue du principal baromètre du marché, l’indice MASI, «celle-ci dépendra surtout du comportement des valeurs bancaires, d’assurance, des télécoms et des cimenteries qui ont atteint une certaine maturité». Les performances de ces valeurs sont surtout fonction de la conjoncture économique globale.

Faible visibilité

Or, selon les projections, dans le meilleur des cas, la croissance du PIB devrait tourner autour de 2,6%. Une situation qui va certainement impacter sur les grosses capitalisations de la place.

Néanmoins, la Bourse de Casablanca devrait bénéficier cette année des retombées positives de la démutualisation de son capital avec l’entrée des banques, d’institutions (CFC, CDG, etc.) et de certains investisseurs institutionnels (compagnies d’assurance, caisses de retraites, etc.) dans son tour de table et de la mise en place de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC).

Des changements qui pourraient redonner confiance aux investisseurs étrangers qui pourrait donner un nouveau souffle au marché.

Il n’en demeure pas moins, qu’en absence de nouvelles introductions en bourse d’entreprises de qualité, il est fort probable que 2016 soit une nouvelle année de baisse.

Par Moussa Diop
Le 15/01/2016 à 21h15