La Bourse de Casablanca encore dans le rouge

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Les indicateurs boursiers sont dans le rouge. Le MASI finit l'année avec une baisse de -7,22% à 8925,71 points. La place casablancaise s’est délestée de 31 milliards de dirhams de capitalisation. Les valeurs immobilières et la SAMIR derrière la baisse du marché.

Le 01/01/2016 à 14h39

Si la légère progression des indices du marché en 2014 (MASI en hausse de 5,55%), après trois années de baisses consécutives, avait suscité un regain d’espoir au niveau de la place, la reprise place casablancaise n’a pas finalement été au rendez-vous en 2015. Tous les clignotants du marché ont viré au rouge.

A commencer par les indices boursiers. Le MASI et le MADEX se sont contractés de respectivement -7,22% à 8925,71 points et de -7,49% à 7255,21 points. Cette baisse est surtout le fait des valeurs immobilières qui ont poursuivi leur trend baissier entamé en 2014 sous l’effet d’un faisceau de facteurs défavorables : impact négatif de l’imbroglio CGI qui a affecté et désorienté les investisseurs boursiers, la conjoncture difficile que connaît le secteur et les déboires des filiales du groupe Alliances.

Impacté par les immobilières et la SAMIR

Conséquence, après les fortes baisses des cours des valeurs immobilières en 2014, les actions Alliances, Addoha et Résidences Dar Saada ont chuté de respectivement -85,25% à 41 dirhams (contre 278 dirhams à fin décembre 2014), -36,91% à 23,72 dirhams et -35,19% à 128,19 dirhams.

Dans le même ordre, la SAMIR, après une année 2014 catastrophique au niveau des résultats avec une perte abyssale de -2,52 milliards de dirhams, s’est retrouvée enfoncée dans une crise financière qui a entraîné l’arrêt de sa production et le non remboursement de ses nombreux créanciers pour une dette globale que certains évalueraient à près de 40 milliards de dirhams.

L’avenir de l’entreprise est incertain, en tout cas en ce qui concerne la structure de son actionnariat actuel et de son management décrié. Conséquence, la valeur de l’action en bourse a chuté de -46,97% à 127,80 dirhams pour une capitalisation boursière de 1,52 milliard de dirhams. Et heureusement que la valeur est suspendue de la cote, sinon l’action serait certainement tombée sous la barre des 100 dirhams depuis bien longtemps.

Dans cet environnement qui a fini par affecter tout le marché, certaines valeurs se sont tout de même bien comportées. C’est le cas notamment d' Oulmès (+53,83%), Dari Couspate (+40,09%), CTM (+28,92%), Afriquia Gaz (+22,89%), Auto Hall (+17,40%), etc.

453,32 milliards de capitalisation

Conséquence de cette situation, la capitalisation boursière de la Bourse de Casablanca s’est délestée de 31,14 milliards de dirhams à 453,32 milliards de dirhams. La radiation de CGI de la cote a entraîné une perte de 13 milliards de dirhams de capitalisation. A noter qu’aucune valeur immobilière ne figure désormais dans le Top 10 des premières capitalisations boursières de la place.

Une capitalisation dominée par Maroc Telecom (98,15 milliards de dirhams) devant Attijariwafa bank (68,77 milliards), BCP (39,18 milliards), BMCE Bank (38,40 milliards) et Lafarge (28,26 milliards).

Autre indicateur de l'impasse que traverse le marché boursier, le volume des transactions s’est traduit par une volumétrie de 40,50 milliards de dirhams, un montant presque identique à celui réalisé l’année précédente.

Un ratio de liquidiuté de 6,34%

Sur ce montant, 28,76 milliards de dirhams ont transité au niveau du marché central actions, soit un volume moyen quotidien 117 MDH, contre 27,51 milliards de dirhams l’année précédente, soit une légère hausse de 4,54% s’expliquant essentiellement par la sortie de la CGI de la cote (2,45 milliards de dirham). Ce qui fait ressortir le ratio de liquidité du marché à 6,34%. Un niveau trop faible pour une place qui aspire à l’émergence.

Les valeurs les plus dynamiques sur ce marché sont Attijariwafa bank (6,93 milliards de dirhams), Maroc Telecom (3,30 milliards de dirhams), BCP (2,64 milliards de dirhams), BMCE Bank (2,01 milliards de dirhams) et Addoha (1,94 milliard de dirhams).

Autant d'IPO que de radiations

Par ailleurs, comme les années précédentes, la place casablancaise a du mal à attirer de nouveaux émetteurs. Deux entreprises seulement ont rejoint la cote en 2015 -Total Maroc et AFMA- compensant, numériquement parlant, les sortie de CGI et Médiaco.

L'année 2015 étant désormais derrière nous, 2016 aussi s’annonce d’ores et déjà difficile. Outre la conjoncture économique globale marquée par des projections d’une faible croissance du PIB (2,1%), à cause notamment des retards des pluies, la conjoncture toujours difficile de certains secteurs (immobilier, mines, sidérurgie, pétrole, etc.) va continuer à peser sur la cote.

Toutefois, les réformes intervenues à la fin de l’année dernière (démutualisation du capital de la bourse) et qui devraient se poursuivre cette année (mise en place de l’Autorité marocaine des marchés des capitaux, compartiment dédié aux PME, etc.) pourraient donner un peu plus de visibilité et de confiance aux investisseurs qui ont déserté la place.

Toutefois, la place a surtout besoin du papier de qualité, autrement dit de nouvelles introductions en Bourse d’entreprises intéressantes à même d’attirer à nouveau les investisseurs nationaux et étrangers. Pour le moment, seuls le fonds Mutandis et Marsa Maroc sont attendus,…

Par Moussa Diop
Le 01/01/2016 à 14h39