Donald Trump surprend en couvrant le Pakistan d'éloges

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Le président américain élu Donald Trump a couvert le Pakistan,son peuple et son Premier ministre d'éloges lors d'un échange dont la teneur,rapportée par Islamabad, tranche radicalement avec ses précédentes positions sur ce même pays.

Le 01/12/2016 à 09h37

 Les deux hommes se sont entretenus au téléphone à l'initiative du chef du gouvernement pakistanais Nawaz Sharif, qui a appelé Donald Trump pour le féliciter de sa victoire.

Le gouvernement pakistanais a publié dans la nuit de mercredi à jeudi un compte rendu inhabituellement direct de leur conversation, dans lequel apparaissent des tournures de langage typiques de Trump.

 “Vous êtes un type super”"Vous êtes un type super. Vous faites un travail extraordinaire, qui se voit partout. Je suis impatient de vous rencontrer bientôt. En vous parlant, M. le Premier ministre, j'ai l'impression de parler à une personne que je connais depuis longtemps", a déclaré Trump à son interlocuteur, selon les propos rapportés par le gouvernement pakistanais.

"Votre pays est extraordinaire, avec des opportunités énormes. Les Pakistanais sont l'un des peuples les plus intelligents qui soient", a-t-il encore déclaré selon ce texte. Invité par Nawaz Sharif à lui rendre visite, le président américain élu a affirmé qu'il "aimerait beaucoup venir dans un pays fantastique, endroit fantastique où vivent des gens fantastiques".

Si cela se concrétisait, Donald Trump serait le premier président américain à se rendre au Pakistan depuis la venue de George Bush durant la dictature militaire de Pervez Musharraf en 2006.Trump a également proposé d'aider à résoudre les problèmes du Pakistan qui fait notamment face à des violences extrémistes.

"Je suis (...) partant pour jouer le rôle que vous souhaiteriez que je joue pour s'attaquer aux problèmes en suspens", a-t-il dit, toujours selon Islamabad. Au Premier ministre pakistanais, actuellement englué dans des poursuites pour corruption, Trump a déclaré qu'il avait "une très bonne réputation".

Le compte rendu américain plus sobreLe bureau de Donald Trump a confirmé la conversation téléphonique, mais en a donné un compte rendu plus sobre, assurant que les deux hommes avaient eu "une conversation fertile sur la façon d'assurer une relation forte dans l'avenir entre les Etats-Unis et le Pakistan".

La teneur du texte a provoqué la stupeur dans la presse et sur les réseaux sociaux où les internautes rappelaient la rhétorique anti-islam de Trump avant son élection et ses précédents propos très critiques envers le Pakistan.

Le 17 janvier 2012, il avait écrit sur Twitter: "Que cela soit clair: le Pakistan n'est pas notre ami. Nous leur avons donné des milliards et des milliards de dollars, et qu'avons-nous eu en retour? Trahison, manque de respect et pire encore. #ilfautêtreferme".

Proximité affichée avec l'Inde rivaleLes Pakistanais se montrent également inquiets de sa proximité affichée avec l'Inde rivale, dont il a rencontré le Premier ministre, Narendra Modi, le mois dernier.

Le candidat républicain avait courtisé les électeurs d'origine indienne pendant la campagne. Depuis son élection, il a rencontré des hommes d'affaires indiens. Le Pakistan est très dépendant de l'aide américaine et devrait recevoir environ un milliard de dollars en aide économique et militaire pour l'année fiscale 2017.

Mais le pays a accueilli l'élection de Trump avec circonspection, s'interrogeant sur ses conséquences sur l'aide américaine et les relations bilatérales souvent chaotiques entre les deux pays. Certains internautes ont salué ces propos comme une bonne surprise. D'autres se sont montrés plus sceptiques.

"M. Trump, savez-vous que la plupart des Pakistanais sont musulmans. Comment peuvent-ils aussi être 'géniaux et exceptionnels'? Ne les empêcherez-vous pas d'entrer" aux USA ?", a ironisé un journaliste pakistanais, Omar Quraishi, en référence à une proposition en ce sens de DonaldTrump durant sa campagne.

"Je suis toujours en train d'essayer de comprendre ce coup de fil bizarroïde Trump-Sharif. Qui aurait pu penser que Trump deviendrait un promoteur de #PakPositive ?", a tweeté Michael Kugelman, chercheur au Woodrow Wilson Center à Washington.

Ce spécialiste de l'Asie du Sud a ensuite a averti qu'il ne fallait pas tirer trop de conclusions des propos de Trump, étant donné qu'il peut être très "imprévisible".

Le 01/12/2016 à 09h37