Guinée-élections: débats autour des candidatures indépendantes

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L’appel de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE-UE) à l’autorisation des candidatures indépendantes à toutes les élections semble avoir relancé le débat sur cette question. L’idée fait du chemin.

Le 22/02/2016 à 14h57

Après la MOE-UE, c’est au tour de la société civile guinéenne d’appeler à faire sauter le verrou qui empêche les citoyens de se porter candidats aux élections présidentielles et législatives dans le pays.

Selon une note de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui donne l’information, l’appel a été lancé à Kindia, à environ 130 kilomètres à l’est de Conakry, pendant une retraite de travail de l’institution électorale, en prélude aux prochaines élections locales.

«C’est en Guinée que la démocratie est restrictive. Nous souhaitons que les candidatures soient autorisées à toutes les élections qu'elles soient nationales ou locales», a fait remarquer Alhassane Camara, membre du Conseil national des organisations de la société civile guinéenne, cité par la note d’information.

Ces remarques visent à harmoniser le cadre juridique et légal qui est à double vitesse. Car si les candidatures indépendantes sont autorisées pour les élections communales et communautaires, elles sont interdites pour les scrutins présidentiels et législatifs.

Le 5 février courant, la MOE-UE, dans son rapport sur l’élection présidentielle d’octobre 2015, avait recommandé une révision du cadre juridique afin de mettre fin à «l’interdiction» des candidats indépendants à se présenter à l’élection présidentielle.

La mission de l’Union européenne a souhaité l’élargissement des «conditions de candidature afin de mieux garantir le droit des citoyens de se porter candidats».

Les commentateurs soulignent que l’esprit de l’Article 3 de la Constitution guinéenne autorise seulement les partis politiques à présenter des candidats aux élections nationales vise à «empêcher les candidatures fantaisistes».

Mais ils estiment que l'on aurait pu se passer de cette mesure en introduisant, par exemple, d’autres cautions de crédibilité. «On a restreint le droit du citoyen en créant deux catégories de candidats sans mettre des garanties nécessaires pour que le contrôle soit davantage très fin au niveau des partis», a confié Mohamed Camara, juriste et analyste, à Le360.

«Alors qu’on pouvait permettre aux citoyens d’être candidats indépendants même à l’élection présidentielle quitte à adjoindre à cela une condition de signatures à recueillir», a-t-il préconisé.

Si la société civile est favorable à la validation des dossiers de candidatures individuelles, on affiche une certaine prudence au sein des partis politiques. Comme à l’UFDG où le chef de sa Commission électorale conseille de tirer les leçons des prochaines élections locales avant d’étendre ces candidatures à tous les votes.

En attendant, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Bakary Fofana, soutient que l'ouverture de la compétition électorale aux acteurs non politiques poussera les partis politiques à renforcer le contenu de leurs programmes de société.

Par Ougna Elie Camara
Le 22/02/2016 à 14h57