Le réalisateur Mathieu Kassovitz règle violemment ses comptes avec l’acteur marocain Saïd Taghmaoui

Saïd Taghmaoui (gauche) et Mathieu Kassovitz.

Il y a de l’eau dans le gaz entre Mathieu Kassovitz, réalisateur français du célèbre film «La Haine», et l’un des acteurs vedettes de ce film des années 1990, Saïd Taghmaoui. Trente années de brouille entre les deux hommes ont fini par éclater au grand jour sur Instagram, réseau social dont s’est emparé Mathieu Kassovitz pour sortir de son silence, régler ses comptes avec l’acteur franco-marocain basé à Los Angeles et le défier à un combat de boxe sur le ring.

Le 05/03/2024 à 17h17

Sur son compte Instagram qui ne compte plus aujourd’hui que trois posts, Saïd Taghmaoui avait pour coutume de faire des révélations sur le tournage du film «La Haine», dont il a partagé l’affiche avec Vincent Cassel et Hubert Koundé, en 1995.

Dans ces posts aujourd’hui supprimés, celui-ci multipliait les accusations contre Mathieu Kassovitz mais aussi Vincent Cassel, qui a fait carrière en France après ce film, tandis que Saïd Taghmaoui, lui, s’envolait pour les États-Unis et qu’Hubert Koundé retombait dans l’anonymat.

Qui sème la haine…

Dans son livre intitulé «De la Haine à Hollywood» paru en 2021, Saïd Taghmaoui raconte ainsi les coulisses de sa relation avec l’acteur français: «Grâce au film, Vincent se met à enchaîner les rôles, et peu à peu, il se détache de moi, prend ses distances, se montre de plus en plus froid. Il a trouvé une nouvelle famille, celle de Kourtrajmé, un collectif d’artistes venus de tous horizons.»

Ces dernières années, Saïd Taghmaoui révélait aussi les coulisses du film dont il dit avoir participé à l’élaboration du scénario. «On était jeunes, on n’a pas signé, on aurait dû signer nos apports», a-t-il raconté au micro de la chaîne YouTube «Oui Hustle» en 2021. «Le film parle d’un sujet que je connais particulièrement bien, en tout cas beaucoup plus que Mathieu, que Vincent et encore plus qu’Hubert à l’époque, puisque je suis le truc. Je vois les erreurs et quand ça sonne juste, puisque moi c’est ma réalité. Instinctivement je réagissais alors, petit à petit, je réécrivais des dialogues, des textes et des situations (...) Les dialogues parmi les plus cultes ou les plus mémorables, ils sortent de ma vie», a relaté l’acteur.

Lui qui explique n’avoir jamais réclamé son dû s’adresse alors directement à Mathieu Kassovitz, qu’il n’a pas revu depuis la sortie en salle du film en 1995, affirmant que seul le réalisateur touche encore de l’argent grâce au film. «Je ne fais que sublimer “La Haine” pour faire comprendre que c’est mon film aussi, que tu le veuilles ou non, c’est mon film. Je suis un des héros de ce film et j’ai participé à l’écriture, à la création de ce truc et tu ne vas pas m’enlever ma part!»

Pour remédier à la chose, Saïd Taghmaoui s’était emparé de son compte Instagram pour vendre des t-shirts à l’effigie de son personnage dans le film et des goodies du même type.

De la scène au ring, il n’y a qu’un pas

Ces attaques auxquelles Mathieu Kassovitz n’avait jamais répondu publiquement ont aujourd’hui ressurgi, alors que le réalisateur français a décidé de sortir de son silence pour riposter. Un timing qui coïncide avec la campagne promotionnelle qu’il entreprend actuellement à l’occasion de la sortie, en automne 2024, de la comédie musicale «La Haine».

Depuis trois jours, sur son compte Instagram, Mathieu Kassovitz a posté trois vidéos dans lesquelles il règle violemment ses comptes avec Saïd Taghmaoui, qu’il traite de menteur. Lui reprochant de «baver sur le projet» et de lui «cracher dessus» depuis près de trente ans, il le défie à «un combat de boxe anglaise en trois fois trois». «Je veux qu’on règle nos problèmes en public parce que “La Haine” est un film public», explique-t-il au sujet de cette proposition incongrue.

Multipliant les insultes et les menaces, Mathieu Kassovitz poursuit: «Je vais te péter toutes tes dents, même ta gomina, elle va retourner dans sa boîte [...] Ras le cul que tu parles mal de nous, que tu racontes de la merde.» Et de poursuivre: «Tu as réussi à diviser un truc qui, à la base, était quelque chose de fort. Une fois que je t’aurai mis KO, je te prendrai dans les bras et je te donnerai tout l’amour que je te dois effectivement.»

Le réalisateur reproche également à l’acteur d’avoir vendu, sans son autorisation, des t-shirts collector du film «La Haine», sous prétexte de reverser les fonds de cette vente à l’orphelinat dont il est le parrain au Maroc. Il lui propose alors de lui racheter son lot de t-shirts pour la somme de 5.000 euros qu’il versera lui-même à l’orphelinat.

Mais n’obtenant pas de réponse de l’acteur, Mathieu Kassovitz publie deux autres vidéos. «Je suis inquiet, ça fait 72 heures qu’on te cherche. J’ai envoyé des sous-marins sous la mer, des avions dans les airs, des émissaires sur la terre mais on te trouve pas. La France entière attend ta réponse», lance-t-il dans la seconde.

Puis dans une troisième vidéo, sans réponse de l’acteur, le réalisateur conclut cet épisode sur un ton moralisateur. «T’es vide, t’es faux, c’est dommage parce que t’étais un mec mortel quand je t’ai connu», lâche-t-il, se désolant que ce combat n’aura probablement pas lieu. «Donc je vais te laisser tranquille, on va arrêter, moi j’ai autre chose à foutre que me mettre tous les matins dans des mises en scène de merde où je dois être drôle.»

Mathieu Kassovitz s’engage toutefois à verser la somme de 5.000 euros à l’orphelinat marocain dont Saïd Taghmaoui est le parrain.

Par Leïla Driss
Le 05/03/2024 à 17h17