Affaire Ahmed Khalil: quand les agissements d'Alger et du Polisario contredisent leurs slogans trompeurs

Ahmed Khalil a été enlevé en 2009 à Alger, alors qu'il s'apprêtait à dénoncer lors d'une conférence les violations des droits de l'homme par le polisario. Ici, avec son fils, Rachid Khalil.

Ahmed Khalil a été enlevé en 2009 à Alger, alors qu'il s'apprêtait à dénoncer lors d'une conférence les violations des droits de l'homme par le polisario. Ici, avec son fils, Rachid Khalil. . DR

En 2009, un ex-conseiller de feu Mohamed Abdelaziz, chargé des "droits de l'Homme", est enlevé à Alger par les services du DRS algérien. Motif: il allait évoquer les violations perpétrées du temps où il officiait en tant que chef de la sécurité des camps de Tindouf. Décryptage.

Le 28/01/2019 à 12h44

Voilà une dizaine d'années que la famille d'Ahmed Khalil, ancien conseiller de feu Mohamed Abdelaziz (ex-chef du polisario), réclame la vérité sur sa disparition, lors d'un déplacement en 2009 à Alger pour animer une conférence sur les droits de l'Homme. Ce dernier, tout juste nommé conseiller de feu Mohamed Abdelaziz, ancien chef du polisario, ne savait peut-être pas que ce déplacement, à Alger, allait être le dernier. Le fait est qu'Ahmed Khalil avait longtemps officié en tant que chef de sécurité des camps de Tindouf et que, de ce fait, il était dans le secret des secrets des violations perpétrées par les sbires du front séparatiste, avec la complicité assassine des services algériens. 

Ce n'est en effet pas un hasard si cet ancien chef de la sécurité du polisario, devenu conseiller aux "droits de l'Homme", fut enlevé à Alger par les services de l'ancien "rab dzaïr", l'ex-patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général Mohamed Lamine Mediene, "alias "général Tawfik", limogé en septembre 2015, avant la dissolution du DRS de sinistre réputation, remplacé depuis par la DSS (direction de surveillance et de sécurité). 

La crainte que l'ancien chef du renseignement séparatiste balance tout sur les bavures du front avait certainement précipité sa fin. Mais, une dizaine d'années plus tard, le mystère sur son sort et les circonstanes dans lesquelles il a disparu demeurent absolus. C'est ce que revendique sa famille, qui exige le retour du sien "mort ou vivant"! Une revendication restée lettre morte, face à l'omerta imposée par Alger et l'actuelle direction du polisario, coiffée par un ancie chef militaire lui-même poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité par la plus haute juridiction en Espagne, en l'occurence l'Audience nationale. Brahim Ghali, poursuivi également en Espagne pour viols en série, n'est ainsi pas le réel interlocuteur d'une famille éplorée dont le seul voeu est de pouvoir faire le deuil du sien, en cas d'assassinat. Pas plus d'ailleurs que les Parrains de cet enlèvement, les services algériens étant généralement habitués à ce genre d'actes mafieux et à la loi du silence sur les crimes à caractère politique. 

Mais passons, car une lueur d'espoir jaillit au milieu de l'obscurité. Pas plus tard que le 25 janvier dernier, juste après la prière du vendredi, la tribu dont est issu Ahmed Khalil, Rguibat Souaad, a joint sa voix à celle de la famille de la victime, pour exiger à son tour le retour du disparu. Selon nos sources, plusieurs mesures ont été prises par les notables de ladite tribu pour amener les responsables à faire la lumière sur le sort d'Ahmed Khalil et élucider les circonstances de sa disparition. 

Seulement, problème: la tribu, aussi bien que la famille du disparu, n'ont jusqu'ici bénéficié d'aucun soutien de la part des preux chevaliers internationaux des droits de l'Homme. Point de communiqué de solidarité, point de déclaration à l'intention de la direction du polisario, encore moins d'Alger, au sujet d'une pratique qui relève d'une époque qu'on croyait révolue à tout jamais, celle des disparitions forcées et des exéctuions extrajudiciaires. Ce silence assourdissant vient encore une fois démontrer l'hypocrisie de certaines officines droit-de-l'hommistes, qui promptes à réagir à la moindre interpellation dans les provinces sahariennes marocaines, fût-ce d'un délinquant de droit commun! Elles veulent bien ouvrir un oeil sur la situation dans le Sahara marocain, pourtant de très loin préférable à ce qui prévaut à Alger, et bien fermer l'autre sur ce qu'il se passe à Tindouf, ce dernier vestige de la sinistre époque stalinienne! 

Courage, mentez! 

Par M'Hamed Hamrouch
Le 28/01/2019 à 12h44