Comment le Polisario a tenté pitoyablement de dissuader le MAE angolais de se rendre au Maroc

Le360 : Adil Gadrouz

Alerté par la visite du MAE angolais au Maroc, le Polisario a dépêché son "vizir" Ould Salek vendredi 16 juin à Louanda pour tenter de dissuader M. Pinto Chikoti de se rendre dans le royaume ou le convaincre de reporter sa visite après le prochain sommet de l'UA. La réponse.

Le 20/06/2017 à 14h05

Le QG de la direction du Polisario a été mis en état d'alerte dès l'ébruitement de la visite, lundi 19 juin au Maroc, du ministre des Relations extérieures de la République d'Angola, George Rebelo Pinto Chikoti. Vraisemblablement aiguillé par les services algériens, le front séparatiste s'est empressé d'envoyer à Louanda vendredi 16 juin son prétendu "ministre des AE" Mohamed Salem Ould Salek "pour tenter de dissuader le ministre angolais des Relations extérieures de se rendre dans le royaume du Maroc ou du moins le convaincre de reporter sa visite après le sommet de l'Union africaine prévu début juillet à Addis Abeba, en Ethopie", dévoile une source diplomatique à le360.

Selon cette source, qui a souhaité ne pas être citée, "le Polisario craignait que la visite du ministre angolais des Relations extérieures n'influence la position de l'Angola, traditionnellement hostile à l'intégrité territoriale du Maroc, durant le sommet de l'UA à Addis Abeba". Une crainte d'autant plus fondée que "l'hôte attendu au Maroc provient de l'un des rares soutiens que comptait jusqu'il y a peu le Polisario", en l'occurrence la République d'Angola, considérée naguère comme une "citadelle" algérienne.

Mais passons, car quelle a donc été la réponse du ministre angolais des Relations extérieures, George Rebelo Pinto Chikoti, à l'émissaire du Front Polisario à Louanda? «Malgré moult tentatives déployées par le dénommé Ould Salek pour dissuader le chef de la diplomatie angolaise, ce dernier lui a indiqué: "nul ne peut me dicter ma conduite"», révèle encore à le360 la source diplomatique.

Seulement voilà, ce n'est pas de cette oreille que cette réponse sèche du ministre angolais a été entendue du côté de Rabouni et du Club des Pins, à Alger. L'agence de presse officielle algérienne (APS), autant que les supports à la solde de la bande de Rabouni, ont fait sortir des archives des déclarations empoussiérées relevant de la "position de principe" de Luanda sur le différend saharien, dont ils bombardent leur opinion publique depuis le weekend dernier dans la tentative d'induire cette dernière en erreur et de camoufler l'échec cuisant que devait représenter cette première visite au Maroc d'un haut responsable de la République d'Angola, après 26 ans de malentendu avec le royaume. Comme à son habitude, l’APS a manqué à toutes les règles du métier dans l’espoir de gâcher la visite du ministre angolais au Maroc. Cette agence a sorti une phrase attribuée à ce ministre, en citant comme sources des médias angolais sans les nommer. Quand le chef de la diplomatie angolaise a-t-il tenu les propos que lui prête l’APS? "Récemment", précise cette agence de propagande. Tous les élèves en première année de journalisme savent que "récemment" ne répond pas à la nécessité de précision propre au métier.

"L'Angola était considéré comme l'allié des autres", a en effet certifié le MAECI, Nasser Bourita, lors du point de presse qu'il a donné conjointement hier lundi 19 juin avec son homologue angolais, George Rebelo Pinto Chikoti, au siège de son département à Rabat.

Soit. Les deux pays ne sont jamais allés jusqu'à la rupture. "Les deux pays gardent des relations depuis les années soixante (…) période au cours de laquelle le Maroc a contribué à la lutte pour l’indépendance de l’Angola et pour la paix", a déclaré le ministre angolais lors du point de presse, au terme de sa rencontre avec son homologue marocain, Nacer Bourita.

"Aujourd’hui, le Maroc est disposé à coopérer non seulement avec l’Angola sur toutes les questions que nous avons traitées, mais aussi avec l'ensemble du continent africain au service de la paix", a indiqué M. Pinto Chikoti, notant que le retour du Maroc au sein de sa famille de l’Union africaine (UA) "a marqué aussi une étape qui doit être considérée par tous les pays, y compris le nôtre, qui pendant très longtemps avait un point de vue différent".

Un point de vue que cette première visite ne manquera certainement pas de rapprocher de celui du Maroc, dont les efforts pour trouver une issue au différend saharien ont d'ailleurs été salués par le ministre angolais.

Par Ziad Alami
Le 20/06/2017 à 14h05