Le dialogue social, ou l’éternel report au service d'un agenda du PJD

Un round du dialogue social. 

Un round du dialogue social.  . DR

Revue de presseKiosque360. Faute d’une «proposition sociale» convaincante, les centrales syndicales marocaines ont décidé de boycotter les prochains rounds du dialogue social avec le gouvernement. A moins qu’El Othmani ne lâche du lest, le blocage est bien parti pour s’éterniser.

Le 05/11/2018 à 22h09

A part l’Union nationale pour le travail du Maroc (UNTM), bras syndical du Parti de la justice et du développement, tous les autres syndicats, dont les plus représentatifs comme l’UMT, la CDT et la CGTM, ont décidé de cesser tout dialogue avec l’actuel gouvernement.

Selon Al Akhbar de ce mardi 6 novembre, qui consacre un éditorial à cette impasse, les syndicats ont juré de ne plus revenir à la table des négociations tant que le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, ne leur aura pas présenté des propositions concrètes et plus ou moins conformes à leur cahier revendicatif.

Cette position intervient suite au dernier round du dialogue social, tenu à la fin de la semaine écoulée, et marqué par un échec total du fait que chaque partie est restée sur ses positions. Mais pour Al Akhbar, la balle reste dans le camp du gouvernement, du moment qu’il est appelé à désamorcer rapidement la bombe sociale avant qu’elle ne lui explose entre les mains.

Pire, depuis la signature de l’accord syndicats-gouvernement du 24 avril 2011, dans un contexte de printemps arabe, tous les gouvernements dirigés par le PJD, qui se sont succédé depuis lors, n’ont jamais avancé d’un seul iota dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des Marocains, accuse le journal.

Aujourd’hui encore, et malgré les instructions de la plus haute autorité du pays en vue de relancer le dialogue social et lui trouver rapidement une issue, Saâd-Eddine El Othmani, au lieu de donner la primauté à la paix sociale et à la stabilité politique du pays, s’est fourvoyé dans des considérations budgétaires et autres calculs d’épicier. Pour lui, une augmentation de 400 dirhams des salariés du public en deçà de l’échelle 10 et 100 dirhams de plus pour les allocations familiales, sont le plafond maximal que le gouvernement peut concéder aux syndicats. C’est à prendre ou à laisser. Pour Al Akhbar, ce semblant de fermeté gouvernementale n’est en réalité qu’une «manœuvre en vue de servir un agenda du PJD, qui compte sur une crise sociale afin d’atteindre certains objectifs politiques».

Sans soutenir les syndicats qu’il accuse également de vouloir cacher leurs nombreuses tares à travers leur interminable bras de fer avec le gouvernement, Al Akhbar affirme que les clés de la réussite du dialogue social sont entre les mains d’El Othmani. Or, ce dernier maintient volontairement le «statu quo», en attendant de filer la patate chaude à son successeur. Exactement comme il l’a lui-même héritée du gouvernement Benkirane.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 05/11/2018 à 22h09