Sahara: quand Alger excite les démons de la belligérance

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Toujours avec la même rengaine et le même acharnement, la presse algérienne se découvre, chaque semaine, un nouvel angle pour attaquer ce qu’elle appelle le «dossier sahraoui». Mais, au-delà de la surenchère, la presse épingle cette fois-ci les autorités algériennes et appelle à plus de réalisme.

Le 09/05/2016 à 09h18

C’est le cas, en l’occurrence, de TSA (Tout Sur l’Algérie) qui fustige le pouvoir en place en pointant du doigt les problèmes économiques qui plombent l’Algérie d’aujourd’hui: un pays qui sombre dans la banqueroute, avec un déficit qui se creuse chaque jour un peu plus. «Nos dirigeants n’ont rien vu venir», écrit TSA dans son édition de dimanche 8 mai.

Sous le titre "De Rebrab à Mohammed VI, ou du bon usage de la banqueroute", TSA constate que «nos dirigeants se plaisent -voilà plusieurs semaines- à entretenir un climat exécrable avec le royaume voisin, autour de la question du Sahara occidental, dont ils se défendent pourtant d’être partie prenante mais autour de laquelle ils multiplient, néanmoins, surenchère, gesticulations et bravades verbales qui vont bien au-delà de la simple affirmation d’un principe».

Le journal s’interroge sur les raisons de ce bouillonnement de la classe politique algérienne. "Que cherche, au fond, la diplomatie algérienne à exciter les démons de la belligérance?”

Tournant en dérision un communiqué du ministère algérien des Affaires religieuses, invitant les imams «à sensibiliser, durant les prêches du vendredi, les citoyens aux menaces qui pèsent sur le pays, à les inciter à défendre l’unité nationale et (…) à rester unis derrière notre direction nationale», le journal en conclut que le pouvoir à Alger escompte bien «utiliser ce vieil artifice du "péril national" à un moment où l’opinion algérienne se pose des questions embarrassantes (la maladie du Président, la prochaine banqueroute financière, l’énigme Chakib Khelil…».

le Maroc se rebelle contre l'Onu

Du côté du "Quotidien d’Oran", c’est un autre son de cloche. Sous le titre «Le Maroc défie l’ONU», cette publication persiste dans son caprice et daigne comparer le Maroc à Israël. 

«Au même titre qu'Israël…Le Maroc a déclaré la guerre aux Sahraouis, il terrorise, assassine, emprisonne, torture et fait ce qu'il veut aux Sahraouis... Il fait, exactement, ce que font les Israéliens aux Palestiniens, il a, aussi, construit un mur pour séparer le territoire du Sahara Occidental».

Non sans vergogne, ce quotidien note que «le Maroc se défend bec et ongles, accuse Ban Ki-moon de partialité, accuse comme toujours l'Algérie et ne veut que son prétendu projet d'autonomie pour le Sahara». Et d’ajouter, «le Maroc se rebelle contre l'Onu, il essaie de dribbler toutes les instances internationales, mobilisant, par la même occasion, ses alliés, la France qui le soutient contre nature et, semble-t-il les monarchies du Golfe, Arabie saoudite en tête».

Mimétisme

"Al Moujahid", pour sa part, n’a rien trouvé à se mettre sous la dent pour marquer son caractère renversant que ce "Tajamou’e Amal El-Jazaïr" (TAJ). Il a tenté de mousser ce truc pour en faire un événement. Juste pour rappeler "la juste cause de la RASD".

Amar Ghoul, président du parti, devait saisir la réunion, tenue samedi, sur les hauteurs d'Alger, pour envoyer «quelques piques à l’endroit du régime marocain, en dénonçant les visées expansionnistes du makhzen et ses tentatives répétées d’attenter à l’intégrité territoriale des pays du voisinage, comme il a fait, par le passé, avec la Mauritanie et même avec l’Algérie», rapporte le quotidien.

Difficile de comprendre ce mimétisme. Comme dirait l’autre, demander à un scorpion de ne plus piquer, c’est aller à contre nature.

«Il reste, soutient TSA, qu’en dépit de sa frivolité, cette grossière façon de s’afficher comme le tuteur du Polisario revient à signifier au monde et, surtout au royaume voisin, que la question sahraouie est, avant tout, l’affaire du gouvernement algérien. C’est un acte bien irresponsable que de jouer avec l’orgueil d’une nation». Pour ce site, «la paix dans la région ne dépend, tout compte fait, que de la patience marocaine».

Par Abdelouahed Kidiss
Le 09/05/2016 à 09h18