Un juge de Laâyoune accable le ministre Ramid

Brahim Taougar - Le360

Revue de presseKiosque360. Le ministre de la Justice est accusé de s'immiscer dans des affaires de la justice par le magistrat de Laâyoune, Mohamed Kandil. C’est ce que ce juge rebelle relève dans une interview alors que le pays est engagé dans une profonde réforme de la justice.

Le 12/01/2015 à 01h04

Le juge Mohamed Kandil s'est montré très critique à l'encontre du ministre de la justice dans un entretien publié par le quotidien Al Akhbar dans son édition du 12 janvier. Dans cette longue interview, Mustapha Ramid est accusé d'aller au delà de ses prérogatives en intervenant dans les affaires et la gestion du Conseil Supérieur de la Magistrature, la plus haute instance judiciaire que préside le roi Mohammed VI.

A rappeler que le juge Kandil a été récemment suspendu provisoirement de ses fonctions par le ministère de la Justice pour "faute professionnelle grave", le juge ayant été accusé de violation du devoir de réserve. Le ministre de la Justice reproche à cet homme d'avoir déclaré, la semaine dernière via facebook et la presse, que le tribunal de Laâyoune "fonctionnait aux ordres", assurant que cette Cour n'était nullement indépendante. Dure accusation à laquelle ce juge doit certainement répondre….

"Lors de l'exercice de ma mon fonction à Laâyoune j'ai été confronté à des obstacles notamment celle d'un notable local qui a exigé que je prononce un jugement en sa faveur au sujet d’un litige foncier. Le greffier a tout fait pour être le principal dirigeant de la cour de Laayoune", a déclaré ce magistrat. "Le président du tribunal m'a fait savoir qu'il fallait être flexible avec certains dossiers car on se trouve dans une région sensible", toujours selon les propos de ce magistrat.

Affichant une farouche opposition au ministère de la justice, le juge en question nous apprend qu'un "inspecteur du ministère lui aurait confié que 90% des magistrats sont corrompus et que leur niveau de compétence laisse à désirer". A la question de savoir si la mesure de suspension dont il fait face n'était pas une forme de pression du ministère, le juge Mohamed Kandil a estimé que Mustapha Ramid se considère comme une "personnalité sacrée". "Dans mon cas, Ramdi ne peut être juge et partie car le dysfonctionnement de la justice est très grave. Je soumets mon cas à un arbitrage royal". Rien que cela…

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 12/01/2015 à 01h04