Lutte contre le racisme, intellectuels et politiques en parlent

VidéoLa première action de la première campagne de sensibilisation contre le racisme "Je ne m’appelle pas Azzi" fut une conférence-débat, tenue ce vendredi à Rabat, en présence de plusieurs intellectuels et acteurs politiques. Ce qu'il faut retenir. (Merima Moutik & Abderrahim Et-Tahiry)

Le 22/03/2014 à 11h00

Driss Ksikes, écrivain, journaliste et dramaturge, a relevé l’inexistence des valeurs d’acceptation de l'autre dans notre culture ainsi que dans notre système éducatif ". "On nous parle de tolérance, mais dans le terme tolérance, il y a de la condescendance, de la pitié. Je rejette ce terme. Nos écoles n’inculquent pas les valeurs d’acceptation, elles charrient plutôt un esprit de nationalisme fermé, de non-acceptation d'autrui". Il s’indigne même face aux nombreux médias qui expriment ouvertement cette xénophobie "certains médias manquent totalement d’éthique, c’est à se demander si nos élites sont prêtes à faire ce travail (lutte contre la discrimination). La pluralité est encore abstraite, ce n’est pas une réalité. On perpétue un racisme qui vient de notre histoire et qu’on n'a pas encore déconstruit".Driss Ksikes est rejoint dans ce sens par le réalisateur Nour-Eddine Lakhmari qui estime que dans notre société, tout est fait pour que l’individu soit raciste dès la naissance. " Moi qui travaille avec l’image je peux vous dire que nos télévisions sont racistes et ce ne sont pas les exemples qui manquent ", s'insurge le jeune réalisateur. " Même nos Imams, que j’appelle personnellement les commerçants de la religion, légitiment le racisme ! C’est ancré en nous ". Pour le cinéaste, le travail doit se faire sur l’individu, et, puisque on est dans une société qui ne lit pas, une grande partie de cette thérapie sociale doit se faire à travers nos télévisions.L’activiste amazigh Ahmed Assid a planté le dernier clou, en réitérant les mêmes propos tenus lors de précédentes sorties médiatiques à propos du nombre d’animateurs télé noirs au Maroc ou encore le fait que le principal problème est que les marocains ne reconnaissent point leur africanité, ni le fait qu’ils soient racistes. " J’ai fait une étude sur les manuels scolaires que j’ai transmise au ministère de tutelle. Parmi les remarques que j’ai relevées, le racisme existe dans nos manuels. Par exemple, tous les enfants qui les illustrent sont blancs. Nos écoles consacrent le racisme et produisent des racistes", conclut le chercheur.

Par Le360
Le 22/03/2014 à 11h00