Aéroports: la gestion de l'ONDA pointée par la Cour des comptes

Les arrivées de touristes ont enregistré une baisse de 78,5% à fin 2020, conséquence directe de la pandémie de Covid-19.

Les arrivées de touristes ont enregistré une baisse de 78,5% à fin 2020, conséquence directe de la pandémie de Covid-19. . DR

Le dernier rapport de la Cour des comptes au titre des années 2016 et 2017 énumère une à une les insuffisances de la gestion des aéroports par l’Office dirigé par Zouhair Mohamed El Oufir.

Le 27/08/2018 à 15h44

Dépassement des budgets planifiés et des délais initiaux, sous-exploitation des capacités d’accueil, absence d’évaluation des projets, non conformité au schéma directeur... Voici les principales observations formulées par les juges de la Cour des comptes sur la gestion de l’Office national des aéroports (ONDA):

- Les développements prévus dans le schéma directeur ne sont pas déclinés au niveau des plans stratégiques pluriannuels. Ces derniers fixent pourtant des plans d’investissement dûment détaillés qui définissent, par projet d’aménagement ou d’extension aéroportuaire, la consistance des travaux et les ressources financières à mobiliser tout au long de chaque plan.

- Les diligences menées ont permis de relever que les caractéristiques planifiées (superficie, capacité, etc) ne sont pas toujours mises à exécution, et que celles retenues ne sont pas toujours établies sur la base d’études suffisamment justifiées et documentées.

- L’ONDA ne dispose pas de système de pilotage dédié au suivi des décisions planifiées au niveau du schéma directeur. A défaut d’actualisation des données prévisionnelles relatives au trafic, l’ONDA s’est trouvé dans des situations de saturation prolongée des capacités de certaines aérogares, révèle le rapport.

- Le lancement de la procédure de constitution de la réserve foncière ne s’enclenche qu’à l’approche, voire concomitamment, de l’initiation des projets les concernant. Il en découle un recours fréquent par l’ONDA aux voies de fait à travers l’occupation illégale des parcelles de terrains entrant dans l’emprise des platesformes aéroportuaires, objet des projets d’investissement.

- A l’exception du programme de développement des infrastructures aéroportuaires, inscrit dans le plan stratégique 2008-2012 ayant fait l’objet d’une étude globale dans le cadre du "Troisième Projet Aéroportuaire", l’ONDA n’a pas procédé à l’évaluation de l’opportunité économique et financière des projets aéroportuaires réalisés.

- Contrairement aux exigences de la loi n°12.03, relative aux études d’impact sur l’environnement, la quasi-totalité des projets aéroportuaires n’ont pas fait l’objet, préalablement à leur réalisation, d’une étude d’impact environnemental.

- Après le démarrage de la réalisation des projets, l’ONDA a dû renoncer à la conception initiale de certains d’entre eux, sous prétexte que le concept architectural retenu initialement s’est avéré inapproprié. Cette situation a conduit à l’introduction de modifications substantielles sur la version initiale des projets. Ces modifications se sont soldées par des surcoûts importants et un allongement significatif des délais de réalisation.

- Les difficultés en matière d’estimation des coûts liés à la réalisation des projets aéroportuaires ajoutées aux imperfections conceptuelles et au faible suivi des chantiers ont conduit dans quatre projets aéroportuaires (sur un total de sept projets examinés) au dépassement des enveloppes budgétaires qui leur sont allouées, engendrant un surcoût global de plus de 2 milliards dirhams.

- Les modifications fréquentes en matière architecturale conjuguées aux dysfonctionnements liés particulièrement à la conduite des projets ont conduit à un allongement des délais de réalisation de la majorité des projets contrôlés par rapport aux délais prévus initialement.

- La mise en exploitation des installations aéroportuaires, réalisées par l’ONDA durant les dernières années, a souvent révélé leur sous-utilisation. Cette situation dénote, dans la majorité des cas, le surdimensionnement de ces installations par rapport aux besoins réels en termes de capacité d’accueil.

- Les aérogares de certains aéroports pâtissent d’une dégradation visible sur le plan esthétique. Cela est dû à plusieurs facteurs, notamment le dépassement de la capacité d’accueil et la faible maintenance ou encore à des considérations sécuritaires;

- L’interdiction d’accès à l’enceinte aéroportuaire, appliquée aux accompagnants suite au renforcement des mesures de sécurité, n’a pas été accompagnée par des mesures suffisantes permettant de garantir des conditions adaptées d’attente.

Par Ayoub Khattabi
Le 27/08/2018 à 15h44