Cigarettes de contrebande: voici ce que ne dit pas le communiqué de l’ADII

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Lundi 16 septembre, l’Administration des douanes (ADII) a révélé que le taux de pénétration des cigarettes de contrebande au Maroc était de 5,23% en 2019. Voici ce que cela coûte, aussi bien aux opérateurs, qu’aux recettes de l’Etat.

Le 17/09/2019 à 16h23

Pour l’année 2019 le taux de pénétration des cigarettes de contrebande s’est établi à 5,23%. C’est ce que révèle la 6e étude de prévalence des cigarettes de contrebande, élaborée par la Commission nationale de lutte contre la contrebande de cigarettes.

En comparaison avec les années précédentes, ce taux était de 3,73% en 2018, de 5,64% en 2017 et de 7,64% en 2016. Cependant, l’ADII ne dit rien, dans son communiqué, sur ce que cette prévalence représente comme manque à gagner aussi bien pour les opérateurs que pour les caisses de l’Etat.

Une source proche des professionnels du tabac manufacturé nous donne plus de détails. Ainsi, selon cette source, il faut rapporter cette prévalence de 5,23% au chiffre d’affaires global du secteur sur le plan national, lequel est de 15 milliards de dirhams. Pour plus de précisions, notre source explique qu’il faut prendre en considération une étude du cabinet KPMG, rendue publique en 2017 et qui évalue le manque à gagner pour le Trésor à quelque 1,5 milliard de dirhams.

La faute à Benchaâboun et à l’AlgérieDans les milieux professionnels du tabac manufacturé, on estime que le taux de 5,23%, sans en minimiser les dégâts, est loin d’être critique. Il y a eu pire au Maroc, avec, en 2015, ce pic d'un taux de pénétration de 14% de cigarettes de contrebande.

Pour les cigarettiers, la pression fiscale et les augmentations successives depuis quelques années (sous Benkirane, puis El Othmani) favorisent le marché des cigarettes de contrebande et surtout la vente de cigarettes à l’unité, qui proviennent essentiellement des circuits parallèles.

Ces professionnels se disent conscients qu’il s’agit d’un phénomène mondial, mais expliquent que le Maroc est pénalisé en la matière par sa proximité avec l’Algérie où les cigarettes coûtent moins cher. Pour certaines marques, la différence entre un paquet vendu chez le voisin de l’Est et un autre écoulé au Maroc dépasse les 10 dirhams.

Une étude fiable?Cela dit, quel crédit ajouter à ce genre d’études? La question mérite d’être posée au vu de deux principaux facteurs. Il faut d’abord savoir que cette étude est cofinancée par les opérateurs du tabac, pratiquement à hauteur de 50%.

L’autre élément consiste en ce fait que cette étude a été bouclée vers fin mai ou début juin derniers, et ne peut donc refléter la réalité du phénomène durant toute l’année 2019. A moins qu’il ne s’agisse d’une action de lobbying «préventive» sachant que le PLF 2020 sera bientôt finalisé. 

Par Mohammed Boudarham
Le 17/09/2019 à 16h23