Les incidents de paiement flambent à 72,5 milliards de DH

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Revue de presseKiosque360. Les statistiques sur les incidents de paiement en 2015 sont effarantes: 534.700 particuliers et 64.033 entreprises sont interdites de chéquier, tandis qu’un effet de commerce sur cinq revient impayé.

Le 09/08/2016 à 23h04

Dans de nombreux commerces, se servir de son chéquier devient de plus en plus difficile. Non pas que le paiement par carte bancaire s'impose derrière le cash, mais la méfiance vis-à-vis du chèque reste forte, surtout qu'il est souvent utilisé pour régler de gros achats, affirme L’Economiste dans son édition du 10 août. Le quotidien précise que le taux de rejet de chèques est ressorti à 2,59% en 2015, en légère augmentation de 0,02% d'une année à l'autre.

Même s'il demeure dominant, le chèque a vu sa part de marché diminuer de 9 points en 4 ans, à 43%. Pour éviter un incident, les clients sont priés, dans certains magasins, de recourir à d'autres moyens de paiement ou de présenter un chèque certifié. Lorsque survient un incident, le délai de traitement peut être parfois très long. A fin 2015, 13,7 millions d'incidents de paiement par chèque n'avaient pas été régularisés. Les montants en jeu culminent à 72,5 milliards de dirhams, soit 8% du PIB. L’encours a augmenté de 6,5 milliards sur un an et 13 milliards de dirhams par rapport à 2013. Volontaires ou commis par inadvertance, les incidents sont plus importants chez les particuliers qui enregistrent 80% de l'encours des incidents non régularisés.

La régularisation d'un chèque sans provision se fait directement auprès du bénéficiaire ou par la constitution d'une provision suffisante sur le compte bancaire. L'émetteur doit aussi payer une pénalité correspondant à 5% du montant du chèque impayé lors de la première injonction. Le taux de pénalité passe à 10% pour la seconde injonction et à 20% pour la troisième et les suivantes. Par ailleurs, l'émetteur en question ne pourra de nouveau se servir de cet instrument de paiement que s'il échappe à l'interdiction d'émettre des chèques. Environ 534.700 particuliers étaient concernés en 2015. Leur nombre a augmenté de 3%. On recense aussi 64.033 entreprises sur la liste des interdits de chèques, en hausse de 10% sur un an.

Mais, au niveau des entreprises, le mal a aussi pour nom la lettre de change normalisée. Après 4 ans de hausse, le taux de rejet a marqué une inflexion en 2015, mais reste à un niveau élevé de 17,6%. La détérioration de la conjoncture a accentué le phénomène. Les entreprises font face à des délais de paiement de plus en plus longs et ont donc du mal à honorer leurs échéances. Pratiquement un effet de commerce sur cinq revient impayé.

Par Fayçal Ismaili
Le 09/08/2016 à 23h04