Marrakech: l'ICANN à la recherche d'un modèle de gouvenance pour Internet

DR

Le processus de transition vers une gouvernance indépendante d'Internet dans le monde est enclenché. La réunion de Marrakech devrait marquer un tournant dans ce cadre si les différents pays présents parviennent à trouver un consensus autour d'un même modèle de réforme.

Le 07/03/2016 à 15h18

Grande mobilisation de la communauté internationale ce lundi à Marrakech! La ville ocre accueille, aujourd'hui, plus de 2.000 décideurs du monde de l'Internet, dont plus d’une trentaine de ministres, à l’occasion de la 55e réunion de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers). C'est quasiment du jamais vu dans l'histoire de l'Organisation.

Il faut dire que l’événement est assez particulier car il risque de chambouler toute la manière avec laquelle Internet est actuellement géré dans le monde.

En effet, l’ICANN, pour les non initiés, est l’organisme qui gère les noms de domaines. A ce jour, l’entité relève directement de la National Telecommunications & Information Administration (NTIA), un département américain qui, au terme d’un contrat, lie les deux parties et qui arrive à échéance cette année.

En d’autres termes, ce sont les Etats-unis qui assurent la gouvernance d’Internet dans le monde. Mais depuis 2014, le pays de l’Oncle Sam s’est clairement positionné pour une indépendance de l’ICANN. Le processus de transition vers une organisation indépendante est alors enclenché.

L’objectif de cette réunion de Marrakech est de trouver un consensus entre tous les pays pour arrêter un schéma de gouvernance à l’ICANN. Ce consensus n’est pas acquis d’avance en raison des enjeux que représente aujourd’hui Internet pour chaque pays. Du coup, chacun voit la chose selon ses propres priorités. Si certains penchent pour une gouvernance assurée par plusieurs parties (ONG, secteur privé, gouvernements…), d’autres veulent clairement que l’ICANN ne relève que d’organisations gouvernementales.

Une réunion particulièrement stratégique s’est tenue, pendant de longues heures, ce lundi, entre les différents représentants de gouvernements pour tenter d’amorcer le consensus. Le Comité consultatif gouvernemental (GAC) est en effet l'un des organes de l’ICANN qui lui présente ses recommandations, mais c’est aussi lui qui a le pouvoir de rallier tout le monde autour d’un même projet.

Selon des indiscrétions en marge de l’événement, tous les espoirs d’un accord sur la «réforme» de la gouvernance d’Internet reposent sur les résultats de cette réunion du GAC.

A l’heure où nous publions, le GAC se réunissait encore sous la présidence de Moulay Hafid El Alamy, ministre du Commerce, de l’industrie, de l’investissement et de l’économie numérique. Et si tout le monde s’accordait sur l’intérêt de la transition que s’apprête à vivre l’ICANN, il y avait encore peu de visibilité sur un alignement de tous les pays sur un même projet de réforme.

Il est à noter que le Maroc mise beaucoup sur ce sujet. Preuve en est, le patronage royal accordé à l’événement. Le souverain ainsi que le gouvernement, suivront de très près l’évolution des négociations. Cet intérêt royal à l’événement, chaleureusement applaudi par les participants, est un gage de réussite pour ce sommet.

Par Younès Tantaoui
Le 07/03/2016 à 15h18