Vidéo. Des industriels appellent à la création d’un Collectif de soutien aux secteurs exposé aux ALE

Le360

Réunis lors d’une conférence-débat, mardi dernier à Casablanca, plusieurs industriels critiquent un manque de volonté politique du gouvernement face aux effets destructeurs d’emplois provoqués par la multitude d’Accords de libre échange (ALE) signés par le Maroc depuis plus de deux décennies.

Le 30/05/2019 à 10h01

Un débat riche et intense a caractérisé cette conférence sur les Accords de libre échange (ALE), organisée le mardi 28 mai dernier par la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’université Hassan II à Casablanca (FSJES), en présence des représentants des principaux secteurs d’activités exposées à la concurrence imposée par la multitude d’ALE signés depuis plus de deux décennies par le Maroc.

Abdellatif Komat, doyen de la FSJES a d'emblée donné le ton en dressant l’état des lieux du secteur industriel. La contribution de ce dernier au taux de croissance est passée de 1,3% en moyenne dans les années 60 et 70 à 0,6 point en moyenne depuis les années 2000. La part de l’industrie dans le PIB est passée de 19% au début des années 80 à 14% actuellement.

Mis à part leur effet positif sur l’amélioration du climat des affaires, mais aussi sur les Investissements directs étrangers (IDE), etc., Abdellatif Komat souligne que les ALE font l’objet de critiques émanant, d’une part, de l’analyse des indicateurs sociaux et économiques qui en découlent (perte d’emplois, aggravation des déficits commerciaux, etc) et, d’autre part, de professionnels de branches industrielles dont l’activité est menacée par une concurrence acerbe, parfois soutenue dans le sens de pratiques «illicites», notamment le dumping.

«Ce n’est pas le principe du libéralisme qui est remis en cause, c’est plutôt notre capacité à lutter contre la concurrence déloyale», soutient pour sa part Karim Tazi, président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (Amith).

De son côté, Mohammed Fikrat, président de la Fédération nationale de l’agroalimentaire (Fenagri), estime qu’il est temps de «percevoir les ALE, non pas comme un moyen d’attirer des IDE, mais plutôt en tant que leviers pour développer l’industrie locale».

Mohammed Fikrat appelle ainsi à titrer les enseignements des ALE signés depuis 2000, pour mieux négocier l’accord de la future Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA).

«L’évaluation de l’impact des accords de libre-échange montre que ce type de partenariat commercial n’est pas suffisant pour développer l’économie nationale. Par conséquent, il faudra faire preuve d’imagination pour concevoir une vision intégrée en matière de commerce extérieur», affirme le doyen de la FSJES.

Le challenge sera donc de développer l’offre exportable en améliorant sa valeur ajoutée et en diversifiant les débouchés. Abdellatif Komat appelle le gouvernement à mettre en place de nouveaux mécanismes pour assurer le suivi et l’évaluation des accords de libre-échange déjà signés, et identifier les barrières non-tarifaires qui bloquent les exportations nationales.

Les participants aux échanges de la FSJES lancent un débat unanime à la création d’un Collectif de soutien à l’industrie, lequel sera ouvert à l’ensemble des secteurs qui subissent ce tsunami d’importation loyale ou déloyale en lien avec les ALE.

Une idée a également été lancée et retenue par les participants: celle de renforcer la formation d’avocats et de magistrats spécialisés dans le règlement des différends commerciaux. Idem pour les consultants censés accompagner les secteurs exposés à formuler les requêtes et à défendre les intérêts du Maroc auprès des instances internationales, dont l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui reste, à ce jour, dominée par la présence d'experts chinois.

Par Wadie El Mouden et Youssef El Harrak
Le 30/05/2019 à 10h01