Mariage et traditions: avant Tinder, il y avait les marieuses

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Bien avant l’avènement des réseaux sociaux, des sites de rencontre et des applications amoureuses, la vie maritale marocaine s’articulait autour d’un personnage central, la marieuse, alias la «khattaba».

Le 02/08/2018 à 15h28

Dans une société marocaine où les filles ne sortaient pas, la possibilité de faire des rencontres et de trouver un bon parti relevait de l’exploit. Il était donc de coutume de s’en remettre à une marieuse qui avait pour vocation de former les couples.

Généralement veuves ou vieilles filles réputées pour leur sérieux, les marieuses étaient des femmes jugées dignes de confiance à qui l’on confiait la gestion des affaires matrimoniales.

Les hommes à marier s’en remettaient donc à leur mère pour leur trouver une femme, laquelle s’en remettait elle-même à une khattaba pour trouver la future belle-fille en question.

Forte d’un réseau social à faire pâlir d’envie Facebook, la marieuse mettait au service des futures belles-mères son répertoire. Et pour l’alimenter, rien de tel qu’une séance de recrutement au hammam. C’est en effet dans ce haut lieu de la beauté et du bien-être marocain que la marieuse repérait les points forts des jeunes femmes.

Avoir recours à une marieuse évitait ainsi aux futurs mariés et leurs familles de nombreux désagréments. En effet, si on était amenés à se rencontrer par hasard, il fallait ensuite pouvoir expliquer aux familles cette rencontre. Un exercice très compliqué, en particulier pour la jeune fille, qui par le seul fait d’avoir fréquenté un homme en dehors des liens du mariage et sans le consentement de ses parents, jetait sur elle le discrédit et le déshonneur.

Une tradition et un métier qui tendent à disparaître dans un Maroc où dans les grandes villes, les femmes se sont émancipées, étudient, travaillent et choisissent donc elles-mêmes leur prétendant.

Par Leïla Driss
Le 02/08/2018 à 15h28