Pologne. Lech Walesa a collaboré avec la police politique communiste

Lech Walesa, leader du syndicat Solidarité et ancien président de la Pologne. 

Lech Walesa, leader du syndicat Solidarité et ancien président de la Pologne.  . DR

L'ex-chef historique du syndicat Solidarité Lech Walesa a collaboré avec la police politique communiste SB au début des années 1970, ont affirmé ce mardi 31 janvier les chefs de l'Institut polonais de la mémoire nationale (IPN), en citant notamment des expertises graphologiques.

Le 31/01/2017 à 16h53

De telles accusations ont été formulées dans le passé et l'ancien président, âgé aujourd'hui de 73 ans, les a toujours démenties vigoureusement, y compris la semaine dernière, lorsque les résultats de cette expertise ont fait l'objet de fuites dans les médias.

Mardi, il était en route pour l'Amérique Latine, devant participer à une réunion de Prix Nobel à Bogota, et n'a pas commenté personnellement les affirmations de l'IPN. Mais son représentant, l'avocat Jan Widacki, a déclaré à la chaîne de télévision Polsat News que "l'affaire n'était pas close aujourd'hui" et qu'il pourrait demander une nouvelle expertise graphologique.

Le procureur général adjoint Andrzej Pozorski, chef de la Commission de poursuite des crimes contre la nation polonaise qui fait partie de l'IPN, a affirmé mardi au cours d'une conférence de presse que la collaboration de Walesa avec la SB "ne faisait plus aucun doute".

Il a cité plusieurs documents manuscrits attribués à l'ancien président, dont sa déclaration de collaboration avec la SB daté du 21 décembre 1970 signé de son nom et du nom de code "Bolek" et dix-sept reçus pour des sommes d'argent remises à "Bolek" entre le 5 janvier 1971 et le 29 juin 1974, pour un total de 11.700 zlotys (l'équivalent d'environ cinq salaires mensuels moyens de l'époque). "Bolek" a fourni également à la SB vingt-neuf rapports manuscrits.

M. Pozorski a déclaré que leur authenticité avait été démontrée par les experts de l'Institut des expertises judiciaires de Cracovie qui les ont comparés à de nombreux documents manuscrits de Lech Walesa puisés dans les archives officielles: demandes de passeport, de carte d'identité ou de permis de construire. Walesa avait refusé de remettre aux enquêteurs des échantillons de son écriture.

De son côté, le président de l'IPN Jaroslaw Szarek, a estimé que la conscience qu'avait Walesa de l'existence de ces documents aurait pu influencer certaines de ses décisions à la tête de Solidarité et même après la chute du communisme, y compris lorsqu'il était président de la Pologne, entre 1990 et 1995. "Cette question reste ouverte", a-t-il dit.

Il avait ajouté toutefois que l'IPN "n'avait pas l'intention d'effacer Walesa de l'histoire de la Pologne".

Face à la récente vague de soupçons, des partisans de Walesa, mais aussi des historiens, tels les professeurs Andrzej Paczkowski et Jan Zaryn, et même certains de ses adversaires ont estimé que ces accusations ne diminuaient en rien son rôle historique.

En 2000, un tribunal spécial avait déclaré Walesa innocent de toute collaboration avec la police politique. Selon la loi, le délai légal pour contester cette décision est de dix ans donc cette enquête ne peut être rouverte - à moins que l'intéressé lui même le demande.

Mais l'affaire a été relancée en février 2016 après la saisie par des enquêteurs de l'IPN du dossier personnel de "Bolek" au domicile de l'ancien ministre communiste de l'Intérieur, le général Czeslaw Kiszczak.

Comme Walesa avait nié l'authenticité des documents du dossier, l'IPN a ouvert une enquête sur leur hypothétique falsification par des agents de la SB. C'est dans le cadre de cette enquête qu'il avait demandé leur examen graphologique.

Le 31/01/2017 à 16h53